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Un gouvernement ouvert, plus transparent grâce au numérique, serait sans doute un gain pour la démocratie. Mais encore faut-il en convaincre deux des principaux intéressés: les politiciens... et les citoyens.

Le dilemme est revenu à quelques reprises dans les commentaires émis lors de la table ronde du récent congrès Webcom Montréal, consacré au «Gouvernement 2.0». L’enthousiasme des participants face aux idées qui surgissent dans plusieurs pays pour rapprocher le gouvernement de ses citoyens «branchés» était palpable, mais comme l’a fait remarquer l’animateur de la table ronde, Marc Snyder, certains des mordus québécois de technologie font la promotion d’un gouvernement ouvert depuis plus de 10 ans. Or, sur le panel, il n’y avait aucun représentant du gouvernement, et dans la salle, peu de gens n’étaient pas déjà gagnés à la cause.

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Depuis deux semaines, le rêve possède pourtant une base plus solide: le député libéral Henri-François Gautrin a publié le 2 mai un rapport sur la «gouvernance numérique», autrement dit, le «virage» que devrait prendre Québec en intégrant le Web 2.0 à tous les niveaux de son administration. Les deux premières recommandations s’inscrivent en droite ligne des demandes de longue date des promoteurs d’un «gouvernement ouvert»:

Recommandation 1: Que le gouvernement divulgue progressivement et de manière proactive, sur un site unique, l’ensemble des données gouvernementales. Ces données devraient être disponibles dans des formats libres et compatibles avec les logiciels de traitement de données.

Recommandation 2: Que le gouvernement du Québec s’engage à stimuler et à favoriser la participation citoyenne à l’élaboration et à l’évaluation de ses actions et de ses politiques.

En France, un prototype est en train de se mettre en place, selon la présentation qu’en a faite le consultant français Cyril Lage. Parlement et citoyens se veut une plateforme de dialogue entre les élus et les citoyens:

  • Les premiers pourraient s’en servir pour afficher leurs positions sur un projet de loi, encore que cette idée soit plus intéressante dans un pays où les élus ne sont pas tenus de suivre la ligne de parti;

  • Les seconds, les citoyens, pourraient y suivre pas à pas l’évolution d’un projet de loi, proposer des amendements, organiser des débats entre des groupes «pour» et «contre», etc.

Cette plateforme, «non partisane» insiste Cyril Lage, sera testée à partir de septembre dans le contexte de l’Assemblée nationale française. Elle serait adaptable à des conseils municipaux ou tout autre lieu de pouvoir. Et elle repose sur un logiciel libre, d’où l’intérêt des Québécois membres du collectif qui chapeaute cette initiative. Cette table ronde montréalaise faisait d’ailleurs suite à de semblables discussions tenues à Paris le 20 avril dans le cadre d’un événement appelé GouvCamp.

Virage 2.0 à Québec?

En dévoilant le rapport Gautrin il y a deux semaines, le gouvernement Charest a annoncé sa volonté de mettre en place dès juin un espace en ligne qui, dans un premier temps, documentera les contrats liés au parc informatique du gouvernement puis, s’étendra au ministère des Transports. Ce Tableau de bord de l’état de santé des projets du gouvernement devrait à terme, en théorie, informer les citoyens de l’état d’avancement de tous les projets gouvernementaux.

L’optimisme était néanmoins prudent à Webcom, certains des Québécois ayant des anecdotes pas si anciennes en mémoire —comme ces fonctionnaires qui, il n’y a pas si longtemps, n’avaient pas le droit d’accéder à Twitter ou YouTube.

Mais les choses bougent tout de même, à en juger par le rapport Gautrin: «Sur 108 organisations publiques qui ont répondu au questionnaire, 58 % ont confirmé leur utilisation d’applications propres au Web 2.0. De façon générale, les organisations utilisent les outils du Web 2.0 principalement à des fins informationnelles, bien que certains organismes s’en servent à des fins interactionnelles ou comme outil de communication interne et interorganisationnel. Dans la plupart des cas, on utilise les outils du Web 2.0 pour joindre une clientèle plus jeune...»

Le gouvernement québécois, rappelle Jean-François Gauthier, directeur, conseil stratégique d’une firme de consultants en technologie, «a indiqué une volonté de mettre en œuvre toutes les recommandations du rapport Gautrin. Donc, on est sur la bonne voie. Il y a un engagement gouvernemental qui n’existait pas avant. Tout n’est pas là, mais c’est un point de départ vers une démocratie ouverte plus active, une implication citoyenne plus grande et, à travers ça, une façon différente de faire de la politique au Québec. C’est aussi gros que ça.»

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