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Les amateurs d’histoire et d’aventures se souviennent du capitaine James Cook, explorateur du Pacifique. Mais qui se souvient qu’il était aussi parti à la chasse du transit de Vénus?

Les 5 et 6 juin, notre plus proche voisine passera directement entre nous et le Soleil. Un point noir sur le disque jaune. C’est «le» gros événement qui excite en ce moment des millions d’amateurs d’astronomie à travers le monde. D’autant plus qu’il ne se reproduira que le 11 décembre 2117.

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La mécanique céleste semble pourtant si simple —la Terre tourne autour du Soleil en 365 jours, Vénus en 225 jours: ne devraient-elles pas se croiser plus souvent? Après tout, le dernier transit de Vénus ne remonte qu’à 2004?

La réponse en deux mots: si les choses étaient aussi simples, Vénus offrirait en effet ce spectacle tous les 19 mois. Mais son orbite est légèrement inclinée par rapport à la nôtre, et c’est ce qui complique les calculs. Résultat: les transits se produisent par paires, d’abord deux fois à huit années d’intervalle, puis la paire suivante un siècle et des poussières plus tard.

James Cook, explorateur de Vénus

Les astronomes de l’époque de James Cook l’avaient déjà calculé en 1769 (le premier transit dûment documenté, merci au télescope, remonte à 1638). Ils savaient que l’événement de leur 3 juin 1769 serait suffisamment rare pour mériter beaucoup d’efforts. Et c’est ainsi que Cook —et d’autres marins et scientifiques— se sont retrouvés en charge d’apporter des éléments de réponse à une difficile question pour l’époque: à quelle distance sommes-nous du Soleil?

Il reste même une trace de cet effort scientifique international, sur l’île de Tahiti, dans le Pacifique Sud: un lieu appelé Point Vénus, là où Cook a jeté l’ancre.

Aujourd’hui, les astronomes n’ont plus besoin de Vénus pour mesurer les distances, et les efforts scientifiques internationaux ont d’autres cibles. Mais le transit s’est transformé en une opération pédagogique internationale: il n’y aura jamais eu autant d’astronomes amateurs pour parler de Vénus en même temps que pendant les 7 heures chevauchant les 5 et 6 juin.

Plus précisément : le soir du 5 juin pour les amateurs en Amérique du nord (ou dans le Pacifique ouest) et le matin du 6 pour ceux en Europe ou en Afrique de l’ouest.

De Vénus aux planètes extrasolaires

Le tout, quand même assaisonné d’un peu de science : cinq observatoires du Soleil et six satellites sont impliqués.

Et il se trouve que Vénus peut nous apprendre quelque chose dont les contemporains de Cook n’auraient même pas soupçonné l’existence: comment décoder les images que nous aurons peut-être, un jour, de planètes tournant autour d’autres étoiles que notre Soleil.

Parce qu’une des méthodes pour détecter ces planètes, c’est justement le transit: les astronomes espèrent que dans les années à venir, de plus en plus de ces planètes extrasolaires seront observées parce qu'elles passeront directement en face de leur étoile, par rapport à nous. Bien que Vénus soit infiniment plus près de nous qu’une planète extrasolaire, c’est une occasion unique —pas avant 2117— de tester deux ou trois théories sur l’optique et sur ce qu’une telle observation peut trahir quant à l’atmosphère entourant une planète.

Quant aux autres, profitez du spectacle.

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