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Que diriez-vous de recevoir un coup de fil d’un ami: «eh, il paraît que ton télescope spatial vieillit? Pas grave, j’en ai deux à donner». Bond de géant pour la science ou cadeau de Grec?

Même les fans d’exploration spatiale, qui étaient convaincus de tout savoir sur les engins qui tournent là-haut ou qui se construisent, sont tombés en bas de leur chaise: il a été révélé cette semaine que le ministère américain de la Défense avait dans ses placards, non pas un, mais deux télescopes spatiaux, de la même taille qu’Hubble et d’une capacité supérieure à lui.

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Pour la NASA, l’agence spatiale américaine minée par les problèmes budgétaires et par la facture en expansion du télescope James-Webb —le successeur d’Hubble— c’est un cadeau inattendu, pour dire le moins. Après la publication de cette nouvelle par le Washington Post le 4 juin, les journalistes et blogueurs scientifiques ont rivalisé de qualificatifs.

Ces deux télescopes, qui dorment dans un entrepôt de Rochester, dans le nord de l’État de New York, ont été conçus pour la surveillance —surveillance de la Terre, pas des étoiles— mais il semble que le National Reconnaissance Office —le nom discret porté par le département des satellites-espions— n’en ait plus besoin.

Toutefois, comme bien des cadeaux inattendus, celui-ci arrive avec un prix. Il faut remettre à jour les caméras et compléter les instruments. Ces télescopes n’ont ni panneaux solaires ni gyroscopes (cibler une étoile, c’est autre chose que de cibler un bâtiment 200km plus bas). Il faut aussi payer les scientifiques pour garder les joujoux en vie. Mettre tout cela en place pourrait prendre jusqu’en 2020, selon le Washington Post.

Et c’est ce qui explique que, bien que l’offre ait été faite à la NASA dès janvier 2011, on ne l’apprenne qu’aujourd’hui. Il a d’abord fallu déterminer comment tirer profit de ce cadeau, et c’est ce plan préliminaire que John Grunsfeld, physicien et administrateur adjoint à la NASA, a présenté le 4 juin lors d’une rencontre de l’Académie nationale des sciences, à Washington.

En gros, l’un des «nouveaux» télescopes serait employé à la recherche de la mystérieuse énergie sombre —une quête qui, dans les planifications précédentes, ne devait commencer qu’en 2024 et encore, avec un budget qui demeurait incertain. Ce programme, qui s’appelait Wfirst, faisait de plus appel à un télescope qui aurait été doté d’un plus petit miroir que celui de 2,4 mètres d’ores et déjà complété.

Comme la construction d’un miroir constitue l’une des opérations les plus longues de tout le processus, le cadeau permettrait donc de s’approcher de la chasse à l’énergie sombre plus vite, et mieux. Mais pour moins cher? Personne ne semble en être sûr pour l’instant, la transformation du reste du joujou étant la partie de l’équation sur laquelle les informations restent des plus maigres. (la facture prévue jusqu’ici pour Wfirst était de 1,5 milliard$).

Les différents journalistes qui se sont tournés vers le National Reconnaissance Office pour en savoir plus sur l’état de développement de ces télescopes ont frappé un mur. «Ce n’est pas quelque chose dont nous allons parler, a répondu une porte-parole. Nous espérons que cela va devenir une histoire de la NASA.»

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