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Bernard Long aime les plages. Le spécialiste québécois en sédimentologie marine en possède même une dans son laboratoire, destinée à l’étude de l’érosion des côtes.

Cette plage prend forme d’un grand canal d’une longueur de 120 mètres, rempli de très nombreux seaux de sables et d’eau mouvante. Dans son lit, le chercheur configure les trains d’énormes vagues pour tester la résistance de la plage «parfaite».

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Le bras de fer contre l’appétit de la mer, qui «mange» les côtes, a longtemps consisté à construire des brises-lames, des solutions temporaires et très onéreuses.

Mais avec les changements climatiques qui multiplient les épisodes extrêmes et le niveau de la mer à la hausse, les déferlantes ont un pouvoir de destruction accru. Elles attaquent à l’oblique des murs perpendiculaires et les font tomber.

Plutôt de construire ces murs, le chercheur préfère se fier au sable pour absorber la furie des vagues qui exercent une grande friction sur le fond et déplacent les sédiments. Pour mieux appréhender ces conditions extrêmes, il tente de reproduire en laboratoire les pires conditions, celles des tempêtes, avec des vagues hautes de 1,20 mètre.

«Il nous faut connaître le profil d’équilibre d’une plage, celui qui va dissiper naturellement l’énergie des vagues en cheminant vers la dune. Nous allons alors rebâtir cette plage de manière plus stable en la rendant résistante à l’érosion des vagues», explique le chercheur au Centre Eau Terre et Environnement de l’INRS.

Pour étudier la dynamique sédimentaire en milieux littoraux et estuariens, son équipe de recherche recueille des données sur la pente de la plage, la nature des sédiments et le type de vagues.

À certains endroits, les dépôts marins mobiles forment des « barrières » naturelles à la puissance dévastatrice des flots. Ce système dynamique est constitué de «barres d’avant côtes» —des dépôts sous-marins perpendiculaires à la plage— sur lesquelles les vagues perdent de leur puissance.

Si la plage a le bon profil, le sable absorbera l’énergie des déferlantes. «Les vagues dissipent alors entre 20 à 40% de l’énergie. Et lorsqu’elles parviennent à la plage, elles n’auront plus assez de puissance pour l’éroder», explique le spécialiste.

Mais toutes les plages ne se ressemblent pas. Les galets de schiste de la Gaspésie, le sable granitique de la Côte-Nord ou les roches de sable compacté des îles de la Madeleine ne réagissent pas de la même manière sous l’énergie des vagues.

Les chercheurs utilisent alors un scanneur afin de comprendre comment les sédiments se déforment sous l’énergie des vagues. «Selon leur structure, leur densité et leur taille, les dépôts se déplacent ou absorbent cette énergie marine. Nous étudions ce qui se produit à l’interface», explique Bernard Long.

Refaire des plages «parfaites» pourrait diminuer de 80 à 90% l’érosion des îles de la Madeleine. «Remonter les plages avec du sable pourra les stabiliser de nouveau en permettant une circulation contrôlée des sédiments», soutient-il.

Près de 60% des côtes de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent s’érodent, selon la Chaire de recherche en géoscience côtière de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

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