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Lance Armstrong, roi du vélo, est donc déchu. Victoire de la lutte antidopage, victoire de la science. Mais la politique?

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La montréalaise Agence mondiale antidopage —en la personne de son ancien président, le Canadien Dick Pound— pointe en tout cas les gouvernements nationaux. Ceux-ci ont «une immense responsabilité... Ils ont le pouvoir d’enquêter, ils ont le pouvoir de forcer des témoins à fournir des preuves —ce que les institutions sportives n’ont pas.»

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Cette semaine à Je vote pour la science, l’émission où la science et la politique roulent côte à côte... Isabelle Burgun dirige un entretien avec Christiane Ayotte directrice bien connue du laboratoire de contrôle du dopage à l’INRS et le Dr Pierre Blanchard, ancien président de la Fédération québécoise des sports cyclistes.

Pourquoi Lance Armstrong est-il passé aussi longtemps entre les mailles du filet? Sommes-nous trop tolérants avec les tricheurs ? Pourquoi pas des équipes d’enquêteurs du dopage ? Et qu’en est-il du passeport biologique, dont on prétend qu’il pourrait résoudre bien des problèmes?

Mais le dopage, c’est aussi une culture. Dans une entrevue séparée (28e minute ci-contre), Suzanne Laberge, de l’Université de Montréal, nous rappelle combien «la logique sociale très dominante, c’est performance, performance». Nous, comme société, voulons des champions et nous en fabriquons. Dès lors, tout semble pousser un athlète à plonger dans le dopage.

Bref, si la défaite de Lance Armstrong, c’est une victoire de la science, une autre victoire, à plus long terme, se trouverait plutôt du côté de la politique... et des valeurs.

Nos invités

  • Christiane Ayotte, professeur et directrice du laboratoire de contrôle du dopage à l’INRS-Institut Armand-Frappier.
  • Pierre Blanchard, médecin et ancien président de la Fédération québécoise des sports cyclistes et représentant de l’Union cycliste internationale, au sein de laquelle il participe à la lutte antidopage.
  • Suzanne Laberge, professeure au département de kinésiologie de l’Université de Montréal et directrice adjointe du Laboratoire de sociologie du sport et de promotion de l’activité physique

 

En musique: une chanson pour rire, EPO, par La Page/Los Sombreros

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Je vote pour la science est diffusée le mardi à 11h à Radio Centre-Ville (102,3 FM Montréal). Vous trouverez sur cette page des liens vers les émissions des saisons précédentes. Pour en savoir plus sur l'initiative Je vote pour la science, rendez-vous ici. Vous pouvez également nous suivre sur Twitter et nous télécharger sur iTunes.

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Transcription de la première partie

PL: Lance Armstrong, prince déchu. Il est dépossédé de ses maillots, de ses titres et sommé de rembourser ses gains. Est-ce la victoire de la lutte antidopage, la victoire de la science ?

Isabelle Burgun (IB) – On peut dire ça. Dans un récent communiqué, publié par l’Agence antidopage américaine (USADA) on apprend que l’enquête menée contre Lance Armstrong a abouti à, je cite son président John Fahey :

la preuve la plus complète et irréfutable de la culture du dopage dans le cyclisme et de l'imposture certainement la plus sophistiquée

C’est une petite victoire —du moins une des plus médiatisées— de la lutte antidopage. Une victoire de la science et des techniques de dépistages mais aussi du politique car le message que cela envoie, c’est : il est important de dénoncer ces pratiques et tout soupçon de dopage devrait être pris au sérieux.

PL: Les politiciens auraient-ils aussi un rôle à jouer dans la lutte antidopage ?

IB: Tout à fait. La montréalaise Agence mondiale antidopage —en la personne de son ancien président, le Canadien Dick Pound - pointe même les gouvernements nationaux.

Selon elle, les gouvernements ont « une immense responsabilité, par ce que c’est leur pays. Ils ont le pouvoir d’enquêter, ils ont le pouvoir de forcer des témoins à fournir des preuves – ce que les institutions sportives n’ont pas ».

Le dopage est inscrit au code criminel en France, en Italie… mais pas au Canada.

PL.- Mais est-ce qu’il n’y aurait pas aussi une question d’éthique derrière tout ça?

IB - Oui, car le dopage, c’est aussi une question de valeurs. Nous voulons des champions, nous fabriquons des champions. Nous aimons le sport spectacle – « du pain et des jeux » - et nous fermons bien souvent les yeux sur les moyens…

Avec la chute de Lance Armstrong, le cyclisme connaîtra-t-il un renouveau ? Ce sport est l’un des plus aimé autour de la planète. Peut-on rêvé de compétitions « propres », l’avenir nous le dira…

(pause)

Dans le cyclisme professionnel, il semblerait qu’il y ait une sous-culture du dopage. L’arsenal dopant – stéroïdes anabolisants, EPO, hormones de croissances, stimulants, etc.- ne cesse d’augmenter.

Si la liste des produits s’allonge, la lutte anti-dopage se déploie de plus en plus – il n’y a qu’à penser au passeport biologique. Cette nouvelle arme pour traquer les dopés permet de comparer l’athlète à lui même – en conservant son profil hématologique et endocrinologique (hormonal).

Est-ce la victoire de la science ? Ne faut-il pas que la réglementation durcisse tout comme les sanctions – et là, les gouvernements nationaux auraient leur rôle à jouer… ce serait aussi du côté de la politique qu’il faut lutter.

Pour en parler, nous rejoignons aujourd’hui par téléphone, Christiane Ayotte, professeur et directrice du laboratoire de contrôle de dopage à l’INRS-Institut Armand Frappier.

Et le Dr Pierre Blanchard, ancien président de la Fédération québécoise des sports cyclistes et représentant de l’Union cycliste internationale, au sein de laquelle il participe activement à la lutte antidopage. Il a été commissaire aux Jeux olympiques d'Athènes.

Tout d’abord: pourquoi Lance Armstrong est-il passé aussi longtemps entre les mailles du filet ? L’Union cycliste internationale l’avait même blanchi en 2006…

(écoutez l’entretien à la 3e minute du lien audio)

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