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Deux fuites du prochain rapport du GIEC en autant de mois n’auront finalement rien révélé. En-dehors du fait que le fonctionnement du GIEC est démodé, à l’heure des médias sociaux.

Le 13 décembre, une pile de documents apparaît sur un site climatosceptique américain. Il s’agit d’une partie du brouillon de la future édition du rapport du GIEC, le Groupe des Nations Unies sur les changements climatiques, dont la parution est prévue pour 2013. La fuite provient d’un Américain, Alec Rawls, apparemment plus friand de complots politiques que de science, qui avait offert ses services au GIEC pour être un des 800 réviseurs de ce premier jet.

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Le 8 janvier, une nouvelle série de brouillons —l’équivalent de milliers de pages— apparaît par l'intermédiaire d'une blogueuse canadienne affichée comme climatosceptique, Donna Laframboise. Elle avait elle aussi offert ses services comme réviseure. Le tout est accompagné de critiques de «l’opacité» du fonctionnement du GIEC.

Comment des climatosceptiques peuvent-ils devenir « réviseurs » du prochain rapport du GIEC?

N’importe qui peut offrir ses services. À en juger par ces incidents, l’appel à contributions du GIEC semble s’appuyer sur la prémisse que les collaborateurs seront tous des gens de bonne foi qui ne révéleront pas la teneur des documents avant d’en être parvenus à un consensus sur la version finale.

Le communiqué réagissant à la première fuite, le 14 décembre, le déplorait :

La publication non autorisée et prématurée des brouillons du WGI AR5 [Cinquième édition du rapport du GIEC, chapitre sur les fondements physiques du climat] qui sont des travaux en développement, peut entraîner une certaine confusion, parce que le texte changera nécessairement, lorsque tous les commentaires des réviseurs auront été reçus.

Que contient ce qui a été mis en ligne?

Dans le cas des fuites de décembre, un peu de tout: des paragraphes sur les modèles climatiques et les modèles des mouvements de la glace, sur la hausse du niveau des eaux résultant de la fonte de l’Arctique (prédictions plus pessimistes qu’en 2007), sur l’intensité des ouragans (moins d’assurance qu’en 2007 sur notre capacité à la prédire), sur l’intensité des sécheresses (difficiles à prédire), sur la capacité des particules aérosol à atténuer le réchauffement (on aurait peut-être surestimé leur rôle en 2007), sur les gaz à effet de serre, etc. Ainsi que «la» phrase qui a fait sauter de joie les climatosceptiques : une allusion à l’influence du soleil sur le réchauffement.

Le GIEC admettrait-il que le soleil a une influence sur le climat?

Il l’a toujours admis et les phrases dans ces documents ne contiennent apparemment rien de neuf par rapport aux éditions précédentes. L’influence dominante reste, et de loin, l’influence humaine.

Le GIEC devrait-il réviser son processus pour éviter que n’importe qui puisse mettre la main sur les premières versions de ses futurs rapports?

Ce serait une négation de la raison même pour laquelle cet organisme a été créé par les Nations Unies en 1988 : permettre des échanges entre experts de différents milieux, pays et disciplines. La notion voulant que ses rapports finaux représentent un consensus vient de là.

Toutefois, cette force est aussi devenue sa faiblesse : cela entraîne un processus extrêmement lent —lorsqu’il s’agit de corriger une erreur, d’intégrer de nouvelles données scientifiques ou tout simplement de passer d’une étape de réécriture à l’autre. La dernière édition du volumineux rapport remonte à 2007, et ce n’était que la quatrième édition depuis 1988. Ce qui était un processus laborieux dans les années 1990 est en train de devenir un anachronisme à l’ère d’Internet.

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