dreamstime_xs_14090180.jpg
Vous êtes de ceux qui attendent jusqu’au dernier moment pour réserver vos billets d’avion en espérant que le prix chute? Détrompez-vous, cela ne se produira pas.

«Ne pas remplir l’avion n’est pas un souci pour une compagnie aérienne. Elle vise plutôt à vendre le bon siège au bon passager au bon prix et au bon moment », relève Gilles Savard, directeur de la recherche et de l’innovation à Polytechnique Montréal et organisateur de la 12e Journée de la recherche consacrée au Big Data et à la recherche opérationnelle.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Ces experts de la science de la décision utilisent des modèles mathématiques pour trouver la solution «optimale» à des situations complexes, telle la gestion du transport aérien ou ferroviaire, mais aussi celle de l’énergie ou des infrastructures de santé. Ces modèles découlent des premiers travaux des mathématiciens de la Seconde Guerre mondiale qui devaient planifier la logistique du déploiement des troupes en sol européen. Ils ont été améliorés et bonifiés dans les décennies suivantes avec le développement informatique.

Revenons à votre vol. Vous désirez passer vos vacances en Europe entre la 2e semaine de juillet et la 1ère semaine d’août. Vous visitez les sites internet des différentes compagnies aériennes à la recherche du vol qui fera votre affaire. Devant vous, des compagnies aériennes qui désirent maximiser la valeur des vols à moyen et long terme au détriment même de remplir leurs avions. Et entre vous et elles, des millions de passagers qui désirent eux aussi décrocher la bonne affaire…

Tous ces autres voyageurs ne pensent cependant pas comme vous. À destination de son prochain congrès, le professeur d’université pourrait bien payer 300$ de plus pour un vol direct tandis que l’étudiant qui visite sa famille acceptera une escale de 5 heures en échange d’une réduction de la même somme. «Pour eux, la valeur du temps n’est pas la même, tout comme l’accès prioritaire, le confort, le billet remboursable, la carte de fidélité, etc. Ces attributs segmentent les voyageurs en différentes classes menant à une représentation très complexe de ce marché», détaille Gilles Savard. Des milliers de prises de décisions des voyageurs potentiels doivent donc être prises en compte pour «maximise » les vols de la compagnie.

Pour aider à la gestion des vols aériens, le chercheur et ses collègues ont développé une application à un modèle mathématique dit du «meneur-suiveur». Le meneur (ici, Air Canada) fixe un prix par classe —pour un vol donné, à une date donnée— tandis que le suiveur (vous, en l’occurrence) y réagira selon ses valeurs (économie, confort, etc.). Les deux éléments dépendent l’un de l’autre. Ainsi, dans votre cas, si le prix baisse (votre valeur principale), vous achetez, s’il augmente, vous attendez ou magasinez ailleurs! Ce qui aura, à son tour, un effet sur l’offre de la compagnie, mais pas forcément sur le prix!

«Nous voulons trouver des solutions pour extraire le plus de valeur possible aux données, idéalement à la source pour éviter le stockage. La mise à jour continue de ces données et leur calibration raffinée offriront de nouveaux services insoupçonnés », estime l’expert en gestion d’inventaires et de revenus. Un exemple de ce potentiel: dans votre poche, votre cellulaire doté de micropuces pourra bientôt communiquer votre position via GPS à votre boutique de sport favorite qui vous offrira alors un rabais immédiat de 10% durant les prochaines 30 minutes.

Un dernier conseil pour vous envoler à petit prix? «Surveillez plutôt les “soldes” des agences de voyages —elles achètent des blocs de certains vols— ou voyagez lors des périodes “mortes”, soit mars et octobre pour l’Europe», conclut l’expert.

Je donne