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Deux millions de réfugiés, et ça n’est pas fini. Comment les pays voisins de la Syrie pourront-ils loger, nourrir et soigner autant de gens? Faut-il craindre les impacts psychologiques, les épidémies, un épuisement des ressources naturelles?

Ce sont les questions que se posent depuis des semaines les experts de divers domaines. Parce que si on pense tout de suite au manque de médecins et de médicaments, on oublie que cet afflux de gens représente aussi un problème environnemental: dans une région aride ou semi-aride, être soudain obligé de fournir de l’eau potable et des toilettes à des dizaines de milliers de nouveaux arrivants, et c’est la nappe phréatique qui en prend un coup.

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Le cas le plus connu est celui de l’oasis d'Azraq, en Jordanie, à proximité duquel un nouveau camp accueillant 130 000 personnes a été ouvert plus tôt ce mois-ci. L’eau provient d’un puits rejoignant une première nappe souterraine, dans le but précis de ne pas toucher à une seconde nappe qui, elle, alimente les villes jordaniennes et est déjà utilisée aux limites de sa capacité.

Or, raconte le New Scientist , la nappe sous l’oasis d'Azraq avait déjà servi pour un camp de réfugiés palestiniens il y a une quarantaine d’années; le pompage avait été interrompu en 1982 dans le but de sauver ce qui restait des antiques terres humides d’Al Azraq; les autorités avaient plus tard repris le pompage, faute d’avoir trouvé une meilleure alternative; depuis 1992, ces terres humides ont presque toutes été avalées par le désert.

Mais ces préoccupations risquent de passer au second plan si une épidémie se déclare. De tels camps, surpeuplés et mal équipés, sont des foyers potentiels d’infections des poumons ou des intestins, sans parler de l’hépatite. Le seul avantage, c’est que les enfants sont plus faciles à atteindre: 98% des enfants du camp de Zaatari, selon le comité des Nations Unies pour les réfugiés, ont été vaccinés contre la polio et la rougeole.

S’ajoute à tout cela l’impact psychologique, mieux connu aujourd’hui qu’il y a 40 ans. Selon des recherches menées par le programme sur les traumatismes des réfugiés à l’École de médecine de l’Université Harvard, la pauvreté endémique dans les camps de réfugiés et l’humiliation qui s’y rattache entraînent un taux élevé de violences, physique et sexuelle. Parmi les propositions avancées, il y a celle de diviser les grands camps de réfugiés en plusieurs plus petits camps ou «villages», ce qui faciliterait la mise en place de structures communautaires. Mais ça suppose de la part du pays-hôte l'admission du fait que ces camps sont peut-être là pour longtemps.

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