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Le réchauffement climatique pourrait bien représenter une manne pour les agriculteurs. Avec la promesse d’étés plus chauds et plus humides, ils devront pourtant changer leurs manières de faire et adapter leurs cultures aux grandes chaleurs.

Les changements climatiques n’amèneront pas que des effets négatifs pour les paysans. «Il y a plein de points positifs: augmentation de rendement, déplacement des cultures vers le nord (maïs, pommes), introduction de cultivars du sud, baisse des coûts de chauffage des étables, etc.», détaille Anne Blondlot, agronome et coordonnatrice scientifique du programme «agriculture» du Consortium québécois de recherche sur les changements climatiques, Ouranos.

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Depuis 8 ans, les scientifiques membres d’Ouranos multiplient les projets de recherche sur les enjeux futurs du monde agricole: adaptation des cultures, gestion intégrée sol et eau, ravageurs et bien d’autres. Le maître mot sera adaptation, car qui dit réchauffement climatique dit aussi augmentation de la sécheresse et des épisodes météorologiques extrêmes.

Ces épisodes de grandes chaleurs, qui stimulent la croissance des cultures –à condition de ne pas trop en avoir!—, permettront également la survie de nombreux ennemis des cultures, qu’ils soient exotiques ou indigènes.

À Ouranos, l’un des projets en cours se penche d’ailleurs sur le puceron du soya. Présent sur le territoire depuis l’an 2000, le puceron du soya a colonisé l’ensemble des régions productrices du Québec en seulement deux ans où il fait de grands ravages. «Cela met une pression sur les cultures avec l’arrivée plus hâtive des adultes. Il y a plus de générations et donc plus de dégâts», explique l’agronome.

La quantité et la qualité de l’eau constituent aussi un autre enjeu sensible. Un régime de pluies intense pourra favoriser l’érosion des sols et la pollution des milieux aquatiques par le déversement des nutriments et des pesticides dans l’eau. Les bandes riveraines et la culture sans labour constituent quelques solutions que les agriculteurs devront adopter pour réduire les risques d’empoisonnement des eaux.

Au bonheur des vaches

Du côté des vaches laitières, la rotation des cultures de fourrage s’avère l’une des adaptations envisagées. Avec ces chaleurs à venir, les plantes fourragères pourront se développer davantage augmentant du coup le rendement des plantes plus frileuses, comme le maïs ou le soja.

«Certains agriculteurs pourront vendre une partie de leur production ou tout simplement être autosuffisants pour la nourriture de leurs bêtes», relève Édith Charbonneau, professeure au département sciences animales de l’Université Laval. Son étude sur les fermes laitières sera présentée lors du prochain Symposium sur les bovins laitiers.

La luzerne, considérée comme la «reine des fourrages», risque pourtant de souffrir du réchauffement de la planète en raison de la plus faible couverture de neige hivernale et des pluies glacées lesquelles forment un couvert de glace qui asphyxie les racines.

Les grandes chaleurs pourront aussi compromettre l’endurcissement de ces plantes fourragères. «Les périodes de froid automnal aident la luzerne à se préparer aux grands froids de l’hiver et à se renforcer, sinon sa survie est compromis », explique Anne Blondot. S’adapter ou périr reste la dure loi de la Nature.

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