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Le mois dernier, l’agence américaine chargée d’établir les normes de sécurité dans les avions accueillait une recommandation... historique. Si elle est adoptée, vous aurez bientôt le droit de garder vos appareils électroniques allumés pendant le décollage.

En fait, il y a plusieurs années que la question est... en l’air. Quels sont vraiment les risques qu’un téléphone intelligent, ou mieux encore, une tablette qui n’émet guère plus de «radiations» qu’une calculatrice de jadis, puisse faire tomber un avion?

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La réponse est que les risques sont nuls. Et que la recommandation tire ses origines d’une autre époque. En fait, il a fallu à un blogueur du New York Times une dizaine de chroniques en deux ans pour arriver à la conclusion qu’à peu près personne ne semble se souvenir de la véritable raison pour laquelle cette politique est toujours en vigueur.

Par exemple, son journal a embauché en 2011 une firme indépendante pour tester les émissions électromagnétiques des appareils que nous transportons dans nos poches ou nos bagages, afin d’évaluer les «dommages» qu’ils pourraient causer à un avion. D’après ces tests, un Kindle émet environ 30 microvolts par mètre. Soit 0,.00003 volt. Un Boeing 747 quant à lui —dont les ingénieurs ont pensé qu’il pourrait, qui sait, éventuellement croiser des zones orageuses— peut soutenir 200 volts par mètre carré. Ce qui équivaut à des millions de Kindle ou iPad... dans chaque mètre carré de l’avion!

Le fait d’être ainsi tourné en ridicule n’a pas empêché l’Administration américaine de l’aviation (FAA) de maintenir l’obligation qu’ont les compagnies aériennes de demander à leurs passagers d’éteindre leurs appareils pendant le décollage (et jusqu'à ce que l'avion ait atteint environ les 3000 mètres). Mais avec la multiplication des tablettes et de leurs usages, la pression s’est faite plus forte. C’est ainsi que le mois dernier, un comité de 28 membres recommandait à la FAA qu’elle «assouplisse» son règlement.

Où tout cela a-t-il commencé? Il y a bel et bien des cas où des interférences ont perturbé le bon fonctionnement de certains avions. Mais il faut remonter à un demi-siècle: des ingénieurs ont remarqué qu’une radio FM ou un récepteur télé avec des tubes à vide, allumé à l'intérieur d'un avion, pouvait provoquer des interférences. Des pilotes, dans les années 1940 et 1950, ont également constaté que le fait de traverser un signal radar ou un signal émis par une antenne de télé provoquait une interférence visible sur leurs écrans. Ce sont ces premiers constats qui ont conduit les autorités à adopter des normes internationales pour, d’une part, concevoir des avions plus «imperméables» à ces interférences... et pour, d’autre part, interdire d'écouter sa radio au décollage.

Et c’est ainsi que, pour les autorités de l’aviation, votre iPad demeure aujourd’hui l’équivalent d’une radio FM.

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