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l y a 35 ans, une idée qui, à l’époque, avait pu paraître farfelue, allait germer parmi les médias québécois : une agence de presse spécialisée en science, destinée à alimenter les petits médias en nouvelles scientifiques.

Depuis sa fondation, l’Agence a bien changé : d’un service de nouvelles desservant l’ensemble des hebdos régionaux à ses débuts, elle est devenue, depuis l’avènement d’Internet, un imposant site d’informations scientifiques, rejoignant des centaines de milliers de passionnés chaque année, dont une importante proportion venant de France.

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Nous vous proposons d’ici le 22 novembre prochain, jour de célébration de ses 35 ans, de passer en revue certains de ses bons coups… et d’autres curiosités.

Recherche, développement et production d’armes : le Canada profite lui aussi de la manne...

Les guerres entre nations ne font pas que des malheureux : dans de nombreux pays, l’industrie de la guerre contribue au bonheur de plusieurs. Les États-Unis, l’Union soviétique, la France... et le Canada n’est pas en reste : il se signale tant par sa production d’armes sophistiquées que par son implication dans la recherche et le développement.

En 9e position : le Canada

L’an dernier, ce sont près de 700 millions $ que l’industrie canadienne a consacré à la recherche et au développement d’armements destinés à l’exportation. Côté production, le Canada se classe au 9e rang, accaparant 5 % du commerce militaire international.

En 1985, l’industrie canadienne a vendu pour 2,5 milliards $ d’armements, dont 1,8 milliard $ à des pays étrangers; le reste est acheté par l’armée canadienne. Les USA sont notre plus gros client, avec une facture de 1,4 milliard $.

40 000 emplois

Au pays, les industries spécialisées dans l’armement proprement dit sont peu nombreuses. Seulement quelques entreprises fabriquent des munitions, des armes légères, des chars d’assaut et des canons. Près de 40 000 Canadiens gagnent ainsi leur pain. L’industrie de l’armement (environ 140 compagnies) se retrouve principalement au Québec et en Ontario. Près d’une cinquantaine d’entreprises québécoises sont reliées à la production militaire.

Un programme de 175 millions $

L’augmentation rapide des ventes canadiennes est directement reliée à l’accroissement des sommes publiques et privées investies. Ainsi, depuis 1978, les subventions fédérales à l’industrie militaire ont triplé.

Au cours de l’année financière 1985-86, Ottawa accordera par exemple des subventions de 175 millions $ dans le cadre de son Programme de productivité de l’industrie du matériel de défense, ou DIPP (Défense Industry Productivity Program).

Avec 52,5 millions $ en subventions pour l’année 1983-84, soit 36 % du budget total, la société Pratt et Whitney de Longueuil, décroche le gros lot du programme DIPP. Ottawa lui a garanti le versement de 470 millions $ sur 10 ans pour la réalisation d’une douzaine de projets de recherche sur de nouveaux moteurs d’avion. Parmi les autres bénéficiaires, mentionnons Bell Helicopter (12,3 millions), Spar Aerospace (5,4 millions), Canadian Marconi (4,9 millions) et Canadair (4,7 millions).

Le gouvernement fédéral n’est pas le seul à investir. En 1983, l’entreprise privée a consacré 350 millions $ à la recherche militaire, soit près du double du programme DIPP. De son côté, le ministère de la Défense a lui-même investi 200 millions $. De plus, une autre société de la Couronne, la Corporation commerciale canadienne, est chargée de stimuler l’exportation d’armement et de technologie militaire.

Quelles retombées?

Les retombées sociales et économiques de tels investissements ne sont pas toujours évidentes.

Selon un rapport de l’UNESCO, l’impact de la recherche militaire sur la technologie civile est souvent surestimé. D’abord, cette recherche est profondément confidentielle et ses résultats ne sont pas dévoilés au reste de la communauté scientifique; très difficile ainsi d’en concevoir des applications civiles. De plus, le champ de la recherche militaire est si spécialisé que les découvertes qui en découlent n’intéressent souvent que les techniciens militaires. Pour certains antimilitaristes, l’effet de la recherche militaire est même carrément négatif : les sommes d’argent disponibles pour ce type de recherche attirent de plus en plus les spécialistes du secteur civil.

L’industrie de l’armement soutient de son côté qu’il y a toujours des retombées à plus ou moins long terme. Ainsi Paramax, le plus important sous-traitant dans le contrat des six frégates de patrouille du Canada, a lui-même accordé un millier de sous-contrats à des entreprises d’ici, dont 250 pour la région de Montréal.

Ce sont particulièrement ces contrats de sous-traitance qui favorisent le transfert de la technologie militaire vers le civil, soutiennent les militaristes. Ainsi, la recherche aérospatiale militaire a favorisé le lancement de satellites de communication. La technologie du laser a permis d’améliorer les systèmes de navigation des avions commerciaux. Et les exemples pourraient être encore nombreux, dans l’informatique, l’optique ou l’électronique, autant que dans les domaines des vêtements d’hiver ou des répulsifs à moustiques...

Mais si les mêmes montants avaient été directement consacrés à la recherche civile, les résultats auraient-ils été meilleurs?

- Article rédigé par Alan Mc Lean, 28 janvier 1986

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