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Il y a 35 ans, une idée qui, à l’époque, avait pu paraître farfelue, allait germer parmi les médias québécois: une agence de presse spécialisée en science, destinée à alimenter les petits médias en nouvelles scientifiques.

Depuis sa fondation, l’Agence a bien changé : d’un service de nouvelles desservant l’ensemble des hebdos régionaux à ses débuts, elle est devenue, depuis l’avènement d’Internet, un imposant site d’informations scientifiques, rejoignant des centaines de milliers de passionnés chaque année, dont une importante proportion venant de France.

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Nous vous proposons d’ici le 22 novembre prochain, jour de célébration de ses 35 ans, de passer en revue certains de ses bons coups… et d’autres curiosités.

L’agriculture bio : l’agriculture scientifique de demain!

L’agriculture biologique a le vent dans les voiles. L’Union des producteurs agricoles en a reconnu l’importance, des chercheurs universitaires et Agriculture Canada s’y intéressent, et le ministère québécois de l’Agriculture devrait sous peu approuver un plan d’intervention visant le développement de ce type d’agriculture au Québec.

Cultiver la terre de façon écologique consiste à n’ajouter aucun produit chimique de synthèse, pesticides ou engrais, mais plutôt à retourner les déchets organiques à la terre. Plusieurs techniques d’agriculture biologique consistent à fabriquer de l’humus et à favoriser la prolifération des microbes vivant naturellement dans le sol.

« Les microbes du sol produisent de la matière organique qui enrichit la terre et maintient sa structure naturelle. Ainsi les plantes ont-elles une alimentation plus équilibrée et se défendent-elles mieux contre leurs ennemis », a affirmé un spécialiste français, le Dr Bourguignon, au Colloque sur la recherche en agriculture écologique qui s’est tenu récemment à Saint-Hyacinthe

L’agriculture en question

L’agriculture intensive ne va pas sans problèmes. Par exemple, de nombreux insectes nuisibles ont développé une résistance aux pesticides, compromettant l’efficacité actuelle et future de ceux-ci. Également, la monoculture est le système qui offre les meilleures chances de succès aux insectes (en agriculture biologique, on pratique la rotation des cultures).

L’érosion des sols, qui entraîne la perte de trois acres de terre arable par jour au Québec, fait également partie des conséquences de l’emploi d’engrais chimiques fossiles à la place de fumier et d’engrais végétaux.

Les pesticides quant à eux, sont soupçonnés de causer nombre d’effets néfastes pour la santé, des réactions toxiques aux malformations congénitales en passant par des cancers de toutes sortes. Les pesticides utilisés en agriculture sont une importante source de pollution des cours d’eau.

Une solution de rechange

L’agriculture biologique apparaît alors une solution de rechange pour de nombreux agriculteurs. Ceux-ci pourront-ils en vivre?

Le Dr Patrick Madden, du département de l’Agriculture des États-Unis, s’est montré très optimiste : « Souvent, il est vrai que l’agriculture biologique produit moins. Mais lorsque le cultivateur dépense beaucoup moins en frais de vétérinaire pour ses vaches parce qu’elles sont en santé, les deux se retrouvent avec des profits substantiellement plus grands que leurs concurrents, même en vendant leurs produits au même prix. »

En Europe, de nombreux problèmes d’environnement ont provoqué le développement de l’agriculture biologique. La France fut le premier pays à voter une loi reconnaissant l’agriculture biologique. Ce type de culture intéresse d’autant plus les producteurs que c’est le seul secteur où la demande est encore plus forte que l’offre (l’Europe est en effet aux prises avec de graves problèmes de surplus alimentaire).

Le mot de la fin du colloque de Saint-Hyacinthe est revenu au Dr Bourguignon : « L’agriculture biologique n’est pas une agriculture idéaliste et rêveuse mais bien l’agriculture scientifique de demain qui tiendra compte de toutes les relations complexes qui unissent le sol, les microbes, les plantes, les animaux et l’homme. »

- Article rédigé par Carole Brodeur, 21 mars 1989

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