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Il y a 35 ans, une idée qui, à l’époque, avait pu paraître farfelue, allait germer parmi les médias québécois : une agence de presse spécialisée en science, destinée à alimenter les petits médias en nouvelles scientifiques.

Depuis sa fondation, l’Agence a bien changé : d’un service de nouvelles desservant l’ensemble des hebdos régionaux à ses débuts, elle est devenue, depuis l’avènement d’Internet, un imposant site d’informations scientifiques, rejoignant des centaines de milliers de passionnés chaque année, dont une importante proportion venant de France.

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Nous vous proposons d’ici le 22 novembre prochain, jour de célébration de ses 35 ans, de passer en revue certains de ses bons coups… et d’autres curiosités.

Les arrêts inutiles coûtent cher aux automobilistes Des ingénieurs proposent le virage à droite sur feu rouge

Les très nombreux « arrêt-stop » inutiles coûtent une véritable petite fortune aux automobilistes. Pour chaque arrêt injustifié se trouvant sur un chemin que vous empruntez deux fois par jour, vous gaspillez environ 70 dollars de pétrole par année, a indiqué l’ingénieur Benoît Champagne, lors d’un récent séminaire de l’Association québécoise du transport et des routes.

En ajoutant l’usure prématurée de l’automobile, la facture devient encore plus salée. Et si vous avez le malheur d’habiter une ville où ces arrêts injustifiés foisonnent, comme Outremont près de Montréal, vous perdez alors plusieurs centaines de dollars par année.

Ce qui est encore pire, selon M. Champagne, c’est que plusieurs de ces arrêts inutiles aggravent le problème qu’ils devaient régler. On constate souvent que la circulation ne ralentit aucunement après l’installation d’un nouvel arrêt; elle devient même plus dangereuse! « La diminution de la vitesse se fait sentir seulement 100 pieds avant et 100 pieds après l’arrêt », soutient l’ingénieur. Ensuite, les automobilistes accélèrent en trombe, atteignant ainsi une vitesse de circulation supérieure à celle d’avant l’installation de l’arrêt!

De plus, ces arrêts créent une fausse impression de sécurité chez les piétons, ce qui cause des accidents. « Il faut savoir que 80 % des automobilistes ne font pas un arrêt conformément aux règlements », estime M. Champagne.

Finalement, l’aspect environnemental n’est pas à négliger. Chaque arrêt inutile serait responsable de 300 000 litres de pétrole brûlé par année!

Une autre source de gaspillage a aussi été pointée du doigt par l’ingénieur-conseil Douglas Whitehead, de la firme Dessau. Selon lui, la longueur du cycle vert/rouge des feux de circulation est encore souvent ajustée selon la densité de la circulation d’il y a 15 ans! Les villes négligent en effet d’apporter des corrections régulières aux cycles. La circulation s’en trouve rapidement alourdie. Une baisse d’au moins 10 % de la vitesse des véhicules n’est pas rare. Conséquence, la pollution due aux autos augmente de 1 %.

Virer à droite aux feux rouges?

Plusieurs ingénieurs proposent l’autorisation de virer à droite sur un feu rouge. En Amérique du Nord, seul le Québec interdit ce virage. Pourtant, selon Antoine Grégoire, de la Société des transports de l’Outaouais, une telle permission réduirait de 30 % le temps d’attente aux feux de circulation. Le temps moyen d’un parcours urbain serait ainsi diminué d’environ 5 %, ce qui permettrait des économies annuelles de 11 millions de litres de pétrole à l’échelle de la province. Pollution évitée : 5000 tonnes de monoxyde de carbone!

On assiste présentement à la formation d’un lobby « pro-virage ». La société des transports de l’Outaouais cherche même à autoriser de façon expérimentale ce virage dans sa région. Antoine Grégoire a demandé à la salle bondée d’ingénieurs de se prononcer sur ce projet; presque toutes les mains se sont levées en faveur du virage.

Il y a cependant un envers à la médaille : autoriser le virage à droite sur les feux rouges causerait une soixantaine d’accidents par année, avec dix blessés graves et un mort. « Accepteriez-vous que votre fille soit parmi les victimes? », a demandé Jean-Guy Breton du comité de prévention des traumatismes de l’Association des hôpitaux du Québec.

« Les ingénieurs qui prônent le virage à droite sur les feux rouges ne se promènent pas à pied », a lancé M. Breton. Selon lui, les calculs servant d’arguments en faveur du virage ne tiennent pas compte de la vie humaine.

- Article rédigé par Étienne Denis, 8 août 1991

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