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En moins de temps qu’il n’en faut pour dire «planète extrasolaire», une estimation a fait le tour du monde: il y aurait des milliards de planètes comme la Terre dans notre galaxie. Combien de milliards? Le calcul s’avère aussi approximatif... qu’une galaxie.

Il faut rappeler qu’aucune de ces planètes «comme la Terre» n’a encore été vue. En fait, à quelques semaines d’intervalle, un autre chiffre était tombé du ciel: les astronomes ont officiellement franchi le cap de la 1000e planète extrasolaire dûment détectée. Or, sur ces 1000, toujours pas de soeur jumelle de notre planète bleue.

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Comment en arrivent-ils donc à ces milliards, un total pour le moins astronomique? En deux temps, trois paris :

  • Dans un premier temps, les données du télescope spatial Kepler: il a observé 150 000 étoiles en quatre ans, à la recherche d’infimes variations lumineuses trahissant le passage d’une planète. Et en quatre ans, Kepler a détecté 3000 «candidates».
  • Pour simplifier, les astronomes auteurs de l’estimation qui fait jaser cette semaine, se sont concentrés, parmi ces 150 000 étoiles, sur celles similaires à notre Soleil : c’est le premier pari.
  • Parmi ces étoiles (42 557), ils ont extrapolé à partir de variables connues (les planètes géantes détectées jusqu’ici) et inconnues (combien de «Terre» Kepler a-t-il manquées?) pour établir un nombre approximatif d’étoiles (603) qui auraient une planète leur tournant autour, puis une planète comme la Terre (10): c’est le deuxième pari.
  • Pour finir, comme les couples planètes-étoiles que Kepler peut observer sont ceux qui, littéralement, nous font face, ces chercheurs ont à nouveau extrapolé pour englober toutes les autres étoiles qui ne sont pas dans le bon angle: c’est le troisième pari, qui les conduit à un total de 22% des étoiles semblables au Soleil qui, dans notre galaxie, auraient des planètes semblables à la Terre. Soit un total dans les milliards.

Mais combien de milliards? Quelques heures après la conférence de presse des chercheurs de l’Université de Californie à Berkeley, tenue le 4 novembre (en même temps que leur estimation était publiée dans la revue PNAS ), l’astronome Phil Plait, auteur du très populaire blogue Bad Astronomy, mentionnait 4 milliards. L’agence de presse Bloomberg arrivait à 4,4 milliards, l’Associated Press à 8,8 milliards, et l’agence de presse Reuters à 10 milliards.

Encore plus ambitieux, le communiqué de presse original de l’Université de Californie mentionnait «des dizaines de milliards». La Columbia Journalism Review, qui ironise sur ces écarts, signale que dans la conférence de presse, l’auteur principal de la recherche, Erik Petigura, a laissé échapper 11 milliards.

Si ces planètes habitables sont réparties équitablement dans notre galaxie, la plus proche serait à 12 années-lumière. Mais ça fait beaucoup de si. Le directeur des communications de l’Université de Californie, Bob Sanders, s’en est presque excusé après coup: comme personne ne connaît le nombre exact d’étoiles dans notre galaxie —les estimations varient du simple au quadruple, entre 100 et 400 milliards— mettre un chiffre sur le nombre de planètes s’avère un exercice plus médiatique que scientifique.

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