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Il y a quelques semaines, la compagnie Apple annonçait avec fierté que son nouveau téléphone serait muni d’un système de reconnaissance par empreinte digitale. Au-delà des inquiétudes sur la vie privée, il est tout de même un avantage qui est passé inaperçu: la possibilité qu’il s’agisse d’un outil pour lutter contre les trolls.

C’est que dès le moment où il devient nécessaire de s’identifier —en donnant l’empreinte de son doigt— il devient plus difficile de mettre en ligne des commentaires anonymes. Ou du moins, c'est ce que l’usager peut croire —et il n’en faut pas plus pour combattre l’incivilité.

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Offrez la possibilité à quelqu’un de dire tout ce qu’il pense dans un total anonymat, et il se permettra d’écrire des bêtises. Phénomène bien connu: des psychologues ont appelé cela l’effet désinhibiteur en ligne.

Et ça n’est pas né avec Internet: par exemple, en 1976, le psychologue Ed Diener, de l’Université de l’Illinois, avait profité de l’Halloween pour mener une petite expérience dérangeante. Les enfants qui portaient des masques... volaient plus de bonbons!

Dans le cas d’Internet, l’équivalent, c’est l’identification. Là où des sites ont imposé que les commentateurs s’identifient sous leur vrai nom, le niveau d’impolitesse a diminué. Dans une étude en particulier, menée en 2005 dans une communauté en ligne de militaires américains, les commentaires qualifiés de «antisociaux» ont diminué de 89% le jour où les commentaires anonymes ont été interdits.

Mais peut-être les militaires constituent-ils un cas à part. Parce que dans une autre expérience, menée en 2007 en Corée du Sud, les commentaires qualifiés «abusifs» ou «insultants» n’ont diminué que de 0,9%. Ceux qui voulaient rester anonymes ont continué d’intervenir, mais en passant par des sites étrangers. Dans le même esprit, côté américain, une étude du Centre de recherche Pew publiée cette année établissait à 26% la proportion d’internautes ayant utilisé une adresse courriel temporaire pour commenter en ligne.

Ceci dit, des études tendent aussi à démontrer que l’internaute moyen n’attend pas qu’on l’ait identifié pour s’imposer des barrières morales. Il suffit qu’il ait l’impression qu’il pourrait être identifié pour qu’un signal d’alarme s’allume dans son cerveau. C’est ce qu’espéraient démontrer ces psychologues qui ont effectué d'étranges études à-la-Big-Brother: par exemple, installer une affiche où apparaissent deux grands yeux, dans un lieu où des «cobayes» pourraient avoir l’opportunité de tricher ou de voler. Surprise: quand l’affiche est là, ceux qui trichent sont soudain moins nombreux!

D’où l’intérêt pour la biométrie —reconnaissance par empreinte ou, un jour prochain, par l’iris ou même par la salive. Si ça se répand, l’appareil qu’on utilise pour aller sur Internet sera on ne peut plus lié à notre moi profond. Ça n’empêcherait personne d’entrer sur un site avec un pseudonyme ou une fausse identité —mais dans un coin du cerveau de bien des trolls, il y aurait tout à coup un doute: suis-je vraiment anonyme?

Évidemment, en parallèle, tout cela donnera aux défenseurs des libertés civiles de bonnes raisons de s’inquiéter.

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