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Qu'est-ce qui peut provoquer une crise tout à la fois chez des éleveurs bovins, des résidents du désert et des stations de ski? La pire sécheresse en Californie en plus d’un siècle. Qui est le symptôme d’un problème qui déborde très loin au-delà de la Californie.

Vendredi, le 17 janvier, le gouverneur Jerry Brown tirait la sonnette d’alarme en demandant aux Californiens de réduire leur consommation d’eau de 20% —une façon, a-t-il justifié, de transférer l’eau d’une partie de l’État qui n’en manque pas à la plus grande partie, qui en manque de plus en plus.

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Ces dernières semaines en effet, pendant qu’une partie du continent nord-américain traversait une vague de froid polaire —et à présent une deuxième— la situation était inversée là-bas. Plusieurs records de température ont été enregistrés, et la pluie ne tombe qu'à un millier de kilomètres de là.

Mais le problème va bien au-delà d’une canicule, et bien au-delà de la Californie: cela fait 13 mois qu’il ne pleut pas beaucoup, voire pas du tout, dans de vastes régions du sud-ouest, allant des déserts jusqu’aux montagnes. Et parce qu’au sommet de ces montagnes, il a très peu neigé cet hiver —au grand dam des stations de ski— ça pourrait vouloir dire des cours d’eau incapables d’abreuver les agriculteurs de la région, l’été prochain. À un moment donné, économiser l’eau ne serait plus une suggestion, mais une obligation.

Plus tôt ce mois-ci, on apprenait que le fleuve Colorado en était à sa 14e année de précipitations sous la normale. Les réservoirs —dont le lac Mead, qui alimente Las Vegas, ville construite en plein désert— ne sont plus qu’à la moitié de leur capacité. Pour la première fois, les autorités vont réduire cette année la quantité d’eau qu’ils laissent couler dans le lac Mead, ce qui réduira encore plus la quantité d’eau disponible pour des milliers d’agriculteurs.

Il faut rappeler que le fleuve Colorado —plus de 2000 km de long, des Rocheuses jusqu’au Golfe du Mexique— et ses affluents alimentent une immense région, et le tiers de cette eau sert à l’agriculture. Environ 40 millions de personnes en dépendent par ailleurs pour leur eau potable. Un second réservoir créé jadis par les barrages du Colorado, le lac Powell, alimente en électricité 350 000 résidences de la région. En vertu d’ententes qui remontent aux années 1960, l’Arizona —dont les villes sont aussi en plein désert— pourrait ne plus avoir du tout accès à cette eau du fleuve Colorado si le niveau continue de baisser.

Et l’Arizona devrait du coup commencer à pomper sa nappe phréatique, ce que les ententes des années 1960 étaient justement censées éviter. Par ailleurs, comme chaque fois que ce sujet revient sur la table, les autorités regardent au loin: des projets pharaonesques pour puiser l’eau d’autres nappes phréatiques, au centre du continent, ou plus loin encore, dans les Grands Lacs.

Ou bien, abandonner l’idée d’une agriculture et de mégalopoles en plein désert.

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