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Une trousse dans le cabinet du médecin qui pourrait dépister des maladies en 5 minutes en s’inspirant des capteurs naturels du corps humain et de l’ADN? Ça pourrait bientôt ne plus être de la science-fiction.

«Le domaine des diagnostics médicaux explose mais ils sont encore confinés dans les machines d’analyses des sous-sols des hôpitaux. Ce qu’on cherche, c’est une solution rapide, peu dispendieuse et à la portée du médecin», confirme Alexis Vallée-Bélisle, directeur du Laboratoire de biocapteurs & nanomachines de l’Université de Montréal.

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Son équipe vient de mettre au point, avec des chercheurs américains et italiens, une méthode miniature de détection de certains cancers. Il s’agit d’une pince nano constituée d’un brin d’ADN, avec la forme d’une triple hélice —une configuration naturelle de l’ADN et moins courante que la double hélice— capable de se replier sur elle-même et de se fixer à deux endroits des gènes mutants.

En présence de mutations propices au développement de certains cancers, cette pince agit comme une sorte d’interrupteur émettant un signal fluorescent. «Lorsqu’on plonge la pince dans une goutte de sang, elle devient fluorescente en présence des mutations. Nous voulons développer un appareil électrochimique capable de le traduire en signal compréhensible pour l’utilisateur», explique le biologiste.

Son équipe développe déjà ce type d’appareil pour le dépistage de maladies virales, comme le VIH. Une goutte de sang sur une électrode permet de savoir, en 5 minutes, si les anticorps de la maladie sont présents ou non. Si ça marche, les nanotechnologies appliquées à la santé risquent de bouleverser le rapport aux médecins, avec des diagnostics disponibles dans le confort de notre foyer (voir encadré).

Un dépistage (pas encore) dans la poche

L’idée d’une thérapie ciblée et miniature stimule de nombreuses équipes de recherche depuis 10 ans. Si l’encodage ADN de la nature parait simple pour les chercheurs, la création de nano-interrupteurs ou des nano-serrures réagissant en présence d’anticorps ou de protéines mutantes, reste un beau défi.

C’est que les maladies naissent dans un environnement sans cesse en évolution: le corps produit constamment de nouveaux anticorps et les virus engendrent de nouvelles mutations. Alexis Vallée-Bélisle reste toutefois optimiste. « Les biochimistes ont mis en lumière des procédés naturels très inspirants, et on connait de mieux en mieux notre génome», relève-t-il.

Plongeant dans le nano, les micro-ingénieurs du vivant poursuivent la course aux maladies pour les dépister mais aussi les traiter localement: nano-médicaments, nano-pinces, nano-serrures... Le futur s’annonce minuscule.

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