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Pour partir à la quête de l’inventivité, l’un des chemins les plus logiques serait notre cerveau. Pas facile cependant de mettre le doigt sur les zones dédiées au génie —si elles existent— au sein de cet organe primordial et qui reste encore si mystérieux même à ceux qui le connaissent bien.

Notre cerveau garde-t-il la trace de nos éclairs de génie? Le sujet parait bien glamour à Bruno Dubuc, vulgarisateur et auteur du blogue Le cerveau à tous les niveaux: «Nous sommes dans la spéculation pure. Il n’y a pas de données scientifiques pour alimenter la thèse que le cerveau en garderait des traces».

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Beaucoup d’articles scientifiques se penchent par contre sur la créativité, sur ce qui la motive, sur l’importance de l’éducation ou encore sur l’influence de l’âge sur notre capacité à renouveler notre manière de regarder le monde. La créativité se nicherait partiellement dans le cortex associatif. Certains chercheurs pensent tout de même que les plus créatifs d’entre nous posséderaient même un cerveau différent —la raison des coupes anatomiques du cerveau d’Einstein.

Le projet de l’Université McGill, BigBrain, propose un atlas 3D du cerveau. Réalisée avec 7400 coupes anatomiques fines de 0,02mm d’une donneuse de 65 ans, cette cartographie du cerveau laisse voir les structures internes, mais aussi les grandes voies nerveuses avec une précision inégalée.

Un premier pas vers une carte de connectivité fonctionnelle du cerveau. «Les régions du cerveau qui s’activent en même temps ont une bonne chance d’être connectées. En d’autres mots: qui parle à qui», relève Bruno Dubuc. Une bonne connectivité serait d’ailleurs l’une des clés de l’inventivité. Pour revenir au cerveau d’Einstein, des neurologues attribuent son génie à sa connectivité exceptionnelle.

Un accident bénéfique?

Certaines victimes de dommages cérébraux développent aussi des talents insoupçonnés. Ce que l’on appelle le «syndrome du savant acquis» survient parfois à la suite d’un traumatisme crânien qui modifierait la plasticité du cerveau. Le neurologue Bruce Miller de l’Université de Californie étudie aussi ces changements auprès de ses patients âgés. Lorsque survient l’Alzheimer, l’altération de certaines zones du cerveau – particulièrement celles de la communication, et de la logique —provoque une désinhibition chez les malades. Les patients développent alors de grands talents, notamment artistiques.

Des traits de génie remarqués aussi chez de jeunes patients autistes et les personnes atteintes du syndrome d’asperger. «Elles possèdent un cerveau humain modifié. Elles ont les mêmes grandes structures que nous, mais elles sont dotées d’un câblage extraordinaire. Une géniale connectivité!», s’exclame le vulgarisateur Bruno Dubuc.

Que le cerveau change suite à un accident ou à la maladie ne surprend pas Lesley Fellows de l’Institut Neurologique de Montréal. Dans son laboratoire, la chercheuse étudie le rétablissement de personnes ayant eu des blessures au cerveau. Cette neurologue s’intéresse leur capacité d’adaptation des patients face aux changements de leur environnement.

À travers un jeu de cartes, dont les participants ignorent les règles, la spécialiste de la cognition vérifie ainsi leur apprentissage. «Autrement dit leur capacité à développer une réponse alternative lorsque les règles changent et à adapter alors leur comportement. Ce qu’on appelle aussi la flexibilité», explique la chercheuse.

Un nouvel état d’esprit

La clé de l’adaptation et de la créativité serait la capacité de regarder le monde différemment. Devant les mêmes informations, certains parviennent plus facilement que d’autres à les assembler différemment et à changer leur point de vue. «La créativité provient de facteurs biologiques, de notre santé, de nos apprentissages et de nos expériences de vie, mais aussi de notre capacité à ouvrir la porte à de nouvelles perspectives», relève la chercheuse.

Alors que certains chercheurs ont découvert avec grande surprise que la région de l’hippocampe d’un cerveau sain ajoute près de 700 neurones par jour —un phénomène qui diminuerait lors de grand stress ou dépression—, la plasticité du cerveau jouerait également un rôle important dans la capacité de s’adapter ou de créer.

Pour résoudre un problème, tout le monde n’a pas la même flexibilité mentale. «Cela se produit lorsque nous ne vivons pas en état de survie ou de stress. Lorsqu’on se sent en danger, nous avons tendance à nous replier vers des solutions conservatrices, celles qui ont déjà fonctionné dans le passé», affirme Lesley Fellows. Ce qui étouffe le génie potentiel qui sommeille en dedans de chacun.

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