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Ces dernières semaines, pendant que des records de chaleur étaient battus un peu partout sur la planète un froid polaire sévissait sur l’Est de l’Amérique du Nord. Bien que personne ne se risque à lier ce «vortex polaire» au réchauffement climatique, il n’empêche que l’hémisphère Nord, cet hiver, se comporte comme les modèles sur le réchauffement s’attendaient à ce qu’il se comporte.

Il y a déjà plusieurs années que les climatologues prédisent que les conséquences de la fonte des glaces de l’Arctique ne s’arrêteront pas à l’Arctique: en se réchauffant, la mer réchauffe l’air au-dessus d’elle, perturbant du coup les courants aériens, et ce de plus en plus loin, à la manière d’une chute de dominos.

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Mais quel type de perturbation? Les records de chaleur en Alaska et en Scandinavie, les pluies diluviennes en Angleterre, les grands froids à Atlanta —tout cela est-il lié? Certains modèles le prédisent. La plupart des climatologues préféreront dire qu’on n’a pas assez de données pour en être sûr.

Tout commence par le courant-jet ou jet stream: créé par la différence de température entre les grands froids du nord et les grandes chaleurs du sud, spécialement en hiver, le courant-jet est un puissant corridor aérien qui «enferme» l’air froid dans l’Arctique. Lorsqu’il s’affaiblit, ces grands froids descendent plus au sud que d’ordinaire, et c’est ce qu’on a vu cet hiver dans l’est de l’Amérique. Qu’il s’affaiblisse de temps en temps n’est pas anormal: toute la question est donc de savoir si le courant-jet s’affaiblit plus souvent à mesure que l’Arctique se réchauffe.

«Nous ne pouvons pas dire que c’est un lien direct», explique à Ars Technica la climatologue Jennifer Francis, qui défend vigoureusement l’idée d’un tel lien depuis 2012. «Mais c’est le genre de situation que nous nous attendons à voir plus souvent.»

C’est d’autant plus important à savoir que ce «genre de situation» dont elle parle n’est pas juste l’air froid qui descend jusqu’à Atlanta. De l’autre côté de cette «frontière» tracée par le courant-jet, les courants d’air chaud, eux, se retrouvent ou bien bloqués, ou bien perturbés, ce qui donne:

  • d’un côté, des températures anormalement élevées en Alaska et des canicules anormalement longues en Californie;
  • de l’autre, davantage d’air chaud et humide que d’habitude au-dessus de l’Angleterre et de la Scandinavie.

Même si on parvenait à établir une corrélation entre le réchauffement de l’Arctique et ces errements du courant-jet, on ne serait pas sorti de l’auberge : une année, ce serait l’Est de l’Amérique du Nord qui écoperait, mais l’année suivante pourrait être l’Europe. Prédire davantage de météo extrême est une chose, prédire où elle tombera en est une autre...

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