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Crise financière dans le monde de la monnaie virtuelle: un demi-milliard$ US en monnaie virtuelle aurait été dérobée poussant l’une des plus anciennes bourses d’échange de bitcoins, MtGox à la déroute. Lancés en 2009 à partir d'un codage informatique crypté, les bitcoins —de «bit», unité de mesure informatique, et «coin», pièce de monnaie— facilitent les échanges de biens et services sur internet.

L’ironie est que cette crypto-monnaie —il y en a d’autres: litecoin, Peercoin, etc.— se base sur la confiance des utilisateurs et rien de tel pour miner cette confiance que la fermeture soudaine d’un site d’échanges de bitcoins et de rumeurs de piratage informatique.

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Faiblesse du système ou malhonnêteté? Le PDG de MtGox, Mark Karpelès, qui est resté introuvable durant plus d’une semaine —actuellement au Japon—, vient de placer MtGox sous la protection de la Loi sur les faillites. En d’autres mots, il a mis la clé sous la porte et les 500 000 clients auront bien du mal à se faire rembourser.

Si la communauté des bitcoins tente de minimiser l’affaire et de se dissocier de MtGox, les derniers rebondissements révèlent la principale faiblesse de la monnaie dématérialisée: les fréquentes attaques informatiques et tentatives de piratage. Ce serait le vol de près de 850 000 bitcoins, près de 500 millions$ US, qui aurait fait plonger MtGox. La police et les services financiers japonais enquêtent actuellement sur l’affaire.

Cette mésaventure n’est pas la première. Souvenez-vous de l’histoire de Bitfloor, la banque d’échange de bitcoins de New York qui a fermé ses portes virtuelles l’an dernier après avoir perdu près de 250 000$ US suite à un piratage. Alors quel est le problème informatique de cette crypto-monnaie pour qu’autant de bitcoins glissent dans les mains des pirates informatiques?

Clés décryptées et problème technique

Pour mieux comprendre ce qui se passe actuellement, il faut plonger dans les dessous de la cryptographie —un système de codage mathématique fait de chiffres et de lettres. Ce cryptage de données a pour rôle de sécuriser les transactions électroniques.

Achat ou vente, chaque mouvement de la monnaie, créée en 2009 par Satoshi Nakamoto, passe par des algorithmes de chiffrement. Le portefeuille possède une clé privée qui permet d’effectuer la transaction. Certaines des signatures permettant de défaire les codes auraient circulé sur Internet, ce qui aurait permis aux pirates de se glisser dans le système.

La faille majeure proviendrait toutefois d’un problème technique inhérent au système. Une opération de protection, pour modifier les détails d’une transaction inaboutie, a formé une brèche par laquelle les fraudeurs pouvaient réclamer le remboursement de versements… qu’ils n’avaient jamais effectués!

Les portefeuilles virtuels sont plus fragiles au piratage informatique que les portefeuilles papier —un peu ironique pour une monnaie numérique, non?— que même un membre de la communauté, un certain TradeForteress, ne recommande pas de stocker ses bitcoins dans un ordinateur connecté à internet.

Sans compter que les pirates suivent les cours du bitcoin en temps réel et effectuent leurs opérations lorsqu’il est très élevé —lancé à 0,30$ US, le 25 avril 2009, la devise a connu un pic à 29,57$ US en juin 2011 avant de s’envoler en 2013: 47$ US en mars, 230$ US en avril, une chute en octobre à 123$ US avant de se propulser à plus de 978$ US fin décembre.

Malgré les secousses, il atteignait encore les 566 $ US, en date du 2 mars. Dotée d’une émission «libre» —simplement liée à un code informatique flottant—, la valeur de la devise virtuelle résulte des échanges entre usagers. Tout comme de la confiance que les usagers manifestent envers cette devise malgré la tempête financière qu’elle traverse.

Faudra-t-il réglementer la crypto-monnaie?

C’est la menace qui pèse en effet sur ce système de paiement virtuel indépendant des États et des banques. Le sénateur démocrate américain, Joe Manchin, en a appelé à l'interdiction pure et simple du bitcoin tandis que la nouvelle présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, rappelait l’impuissance de son institution.

Certains pointent du doigt la monnaie numérique, anonyme et difficile à retracer, comme un véhicule idéal de l’évasion fiscale et du blanchiment d’argent. En août dernier, l’Allemagne lui donnait le statut de monnaie privée et a indiqué qu’elle taxerait 25% des bénéfices générés par la monnaie. De même, Revenu Canada a annoncé l’an dernier que les utilisateurs de bitcoins devraient payer des taxes sur les transactions.

À Montréal, l’Ambassade Bitcoin, qui a pour mission d’informer, d’éduquer et d’assister les individus et les commerçants sur l’utilisation de bitcoins, vient de lancer le premier guichet automatique québécois (et le 4e au Canada) où l’on peut —en argent comptant uniquement!— se procurer des bitcoins via un portefeuille virtuel.

En avril se tiendra l’Expo Bitcoin 2014 à Toronto, le slogan de l’évènement semble être un mantra pour la communauté: «In Cryptography We Trust»!

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