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Des climatosceptiques blessés dans leur amour-propre sont-ils responsables du retrait d’une recherche? Une revue a en tout cas décidé de retirer un texte qui, l’an dernier, avait tracé un parallèle entre climatosceptiques et théoriciens du complot.

Avant cela, il y avait eu, en 2012, une première étude, parue dans Psychological Science et concluant que les climatosceptiques sont des gens plus susceptibles de croire en des théories du complot. Cette étude a entraîné des réactions outrées des climatosceptiques... qui ont crié au complot. Et ces réactions ont donné de la matière pour le second article, paru en février 2013.

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L’avis de rétractation de ce second article, publié le 21 mars par la revue de psychologie Frontiers, souligne que ce retrait n’est pas lié à des erreurs mais à des considérations légales:

Cette enquête n’a pas identifié de problèmes avec les aspects académiques ou éthiques de l’étude. Toutefois, l’enquête conclut que le contexte légal n’est pas suffisamment clair et par conséquent, Frontiers souhaite retirer l’article.

Censure ou auto-censure? L’explication de l’auteur principal, Stephan Lewandowsky, publiée sur son site, n’éclaire guère plus.

En d’autres mots, l’article est correct, mais Frontiers ne veut pas prendre le risque légal que son retour sur le site web pourrait entraîner.

Selon DeSmogBlog, un blogue consacré à la poursuite des «écrans de fumée» créés par la sphère climatosceptique, les quatre auteurs auraient été tenus de signer une entente de confidentialité. Toutefois, selon des documents obtenus par ce blogue grâce à la loi américaine d’accès à l’information, c’est une poursuite pour diffamation qui pendait au nez de la revue Frontiers depuis l’an dernier.

En fait, immédiatement après la parution du second article, Frontiers avait reçu des courriels de climatosceptiques, qui ne se contentaient pas de manifester leur colère d’être comparés à des théoriciens du complot, mais qui menaçaient de poursuivre la revue pour atteinte à leur réputation. À la fin-mars 2013, Frontiers avait temporairement retiré l’article de son site web, pour discuter des implications légales de l’affaire —et c’est finalement un an plus tard que la décision de le retirer pour de bon, ou plus exactement de ne pas le remettre en ligne, a été prise.

À noter que l’article est toujours resté accessible, notamment par le site de l’Université d’Australie occidentale, l’employeur d’alors de Lewandowsky (il est aujourd’hui à l’université britannique de Bristol). L’institution australienne prend même la peine, depuis cette semaine, d’accompagner l’article d’une note: elle y signale qu’elle prend acte de la décision de Frontiers de retirer le texte mais qu’elle «en arrive à une évaluation différente des risques posés par cet article et réaffirme son engagement envers la liberté académique».

Commentant dans The Guardian , le blogueur et environnementaliste Dana Nuccitelli y voit une extension prévisible des stratégies climatosceptiques des dernières années: lancer des attaques personnelles contre des scientifiques, menacer ceux-ci ou leurs institutions de poursuites... ou dévoiler des courriels en prétendant y avoir trouvé des secrets. Mais dans ce domaine, ce serait la première fois qu’une revue scientifique plie ainsi sous la pression.

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