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Au lendemain des élections québécoises, pourquoi ne pas faire place à l’humour pour éviter de s’enliser dans le cynisme ambiant? «Le rire renaît souvent lors des moments noirs ou d’incertitude.»

«Il n’y a qu’à penser à la Coalition des humoristes indignés très actifs lors du Printemps érable, après la promulgation de la Loi 78», relève pince-sans-rire Julie Dufort, doctorante en sciences politiques de l’UQAM et chercheuse à l’Observatoire de l’humour, un centre de recherche sur l’humour qui cherche à bâtir des ponts entre les praticiens et les chercheurs.

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La jeune chercheuse —aucun lien de parenté avec Infoman — a découvert le potentiel de l’humour lors d’une recherche exploratoire pour sa maîtrise en sciences politiques sur la représentation de la frontière mexicano-américaine et de l’identité américaine… à travers Les Simpsons ! Depuis, elle a visionné de nombreux autres dessins animés satiriques —South Park, American Dad, etc.— sur le même thème.

«J’ai senti qu’il fallait que je fouille plus loin et j’ai décidé d’en faire un sujet de présentation à l’ACFAS», raconte celle qui se voit plus dans une salle de classe que dans une salle de spectacle. Depuis quelques mois, la chercheuse donne d’ailleurs le cours «Humour et société» à l’École nationale de l’humour.

Elle enseigne aux aspirants humoristes les liens entre l’humour et la politique, de la satire à la caricature. Au programme, les théories générales de l’humour, mais aussi son pouvoir pour passer un message politique et influencer l’opinion. Car l’humour infiltre tous les sujets d’actualité, de l’émigration à l’environnement. Elle fait aussi prendre conscience à ses étudiants de l’aspect politique des blagues afin qu’ils poussent plus loin leur réflexion et se questionnent sur leur intention.

Son seul regret, les liens entre politique et humour prêtent encore à sourire. «La communauté scientifique doit encore être convaincue de la pertinence du sujet. Même si je ne suis pas humoriste, mais chercheuse, c’est parfois difficile d’être prise au sérieux», soutient la doctorante.

Le temps de rire

S’il est bon de rire souvent, peut-on rire tout le temps? La conjoncture ne le permet pas toujours. Après les attentats du 11 septembre, les Américains ont d’ailleurs rengorgé leur rire. Toutes les émissions humoristiques de fin de soirée — The Tonight Show avec Jay Leno, The Late Show avec David Letterman ou encore Politically Incorrect de Bill Maher— ont été suspendues, une démonstration de patriotisme où l’humour n’avait plus sa place.

«Il a fallu l’intervention d’un politicien, le maire de New York, Rudolph Giuliani, pour que les Américains retrouvent le rire et de la satire», rapporte-t-elle. L’humour agit comme un exutoire face à la morosité politique. Et même les sorties des casseroles s’apparentent alors au joyeux tintamarre du Carnaval.

Ce qui prête à rire peut prendre bien des formes —ironie, grotesque, humour vexatoire— évolue sans cesse. Selon la société auquel il appartient, le message change pour celui qui le reçoit et celui qui l’émet. «On peut même d’ailleurs en faire sans le savoir, car au final, c’est l’auditoire qui aura le dernier mot», tranche la chercheuse.

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