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Si les rapports du GIEC servent généralement à prédire l’avenir, le troisième et dernier volume de l’édition 2014 porte en partie sur le passé: les politiques pour limiter le réchauffement ont été un échec.

  • Les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent non seulement d’augmenter, cette augmentation est plus prononcée que jamais: 2,2% pendant les années 2000, contre une moyenne de 0,4% pendant les trois décennies précédentes.
  • Ou, pour le dire autrement: notre civilisation a émis deux fois plus de gaz à effet de serre depuis 1970 que pendant les deux siècles précédents.
  • Le seuil des 2 degrés Celsius d’augmentation par rapport à l’époque pré-industrielle sera franchi vers 2030.
  • Sont notamment en cause les nouvelles centrales au charbon dans les pays en voie de développement et en Chine, et la lenteur des pays plus riches à faire la transition vers des énergies plus propres.

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Or, les obstacles politiques derrière cet échec se sont reflétés jusque dans l’écriture du «Résumé pour les décideurs», complété à Berlin ces derniers jours: comme le rapportait samedi le journaliste Karl Ritter, de l’Associated Press, certains pays en voie de développement ont insisté pour que soient retirés de la synthèse les graphiques qui peuvent donner l’impression qu’on attend d’eux un plus grand effort, tandis que les États-Unis et d’autres pays riches ont insisté pour que soient retirées des phrases suggérant qu’il est de leur ressort de financer l’adaptation aux changements climatiques des pays plus pauvres.

Ces visions antagonistes ont survécu dans le rapport final, mais pas dans le «Résumé pour les décideurs».

Quelques bonnes nouvelles

Si une réduction de 40 à 70% d’ici 2050 des émissions de gaz à effet de serre —le scénario idéal proposé par le GIEC— semble improbable, le rapport identifie deux évolutions encourageantes.

  • Le coût des énergies vertes chute assez vite pour qu’on puisse envisager leur développement à grande échelle —comme ça commence à être le cas au Danemark et en Allemagne, et même, à un moindre degré, dans certains États américains comme la Californie et l’Iowa.
  • À défaut d’une implication suffisante des gouvernements centraux, un élément nouveau, depuis le rapport du GIEC de 2007, est cette adoption de plans climatiques ambitieux par des gouvernements régionaux et des villes. Une indication, note le GIEC, qu’une certaine «détermination» est à l’oeuvre. Un phénomène qui s’observe même aux États-Unis et en Chine.

Sans faire de recommandations particulières, le rapport souligne que les villes seront à l’avant-garde des efforts indispensables pour atténuer les impacts. «Les deux prochaines décennies offrent une opportunité» pour les villes qui auront à repenser leurs façades maritimes —se prémunir de la hausse du niveau des mers— et leurs infrastructures en général —pour accroître l’efficacité énergétique.

S’il ne fait pas de recommandations, le rapport tente néanmoins de chiffrer les impacts qu’auraient quelque 1200 scénarios de «décarbonisation» analysés à travers quelque 10 000 études:

  • Remplacer des centrales au charbon par des centrales nucléaires;
  • «Reforestation», par opposition à déforestation;
  • Investir davantage dans les technologies d’enfouissement de carbone;
  • Expérimenter davantage les biocarburants, bien que ceux-ci semblent plus coûteux que ce qui avait été imaginé
  • Remise en question du système de bourse de carbone, dont «l’impact environnemental à court terme a été limité»
  • Sans compter le plus inquantifiable de tous les scénarios, celui où la consommation d’énergie diminuerait parce que nos comportements et nos habitudes changeraient.

Parce qu’aucun de ces scénarios n’est complet en soi, le coût total de «l’adaptation» reste pratiquement impossible à définir, tant la cible peut varier: deux ou trois degrés Celsius? Pour 2050, 2075, 2100?

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