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Au Québec, la paléontologie reste une discipline discrète. Peu de postes de recherche, peu de chercheurs québécois malgré un intérêt constant de la part du public stimulé par «l’effet Jurassic Park».

«La paléontologie est réapparue dans la sphère publique avec les films de dinosaures d’Hollywood. Depuis les années ’70, cette discipline d’importance avait tendance à s’évaporer et, même maintenant, elle figure rarement dans un C.V.», raconte Jean-Pierre Guilbault, président du Musée de paléontologie et de l’évolution et organisateur du colloque au titre intrigant La paléontologie existe-t-elle encore?, présenté dans le cadre du 82e Congrès de l’Association francophone pour le savoir.

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Si la paléontologie n’est pas encore disparue du spectre scientifique, c’est parce que différentes disciplines l’abordent : la biologie, la botanique, la géologie, l’écologie… et même la planétologie, la science de l’étude des planètes. «Sur Mars, la géologie est superbe et la recherche de la vie passe par la quête de l’eau martienne», rappelle d’ailleurs Richard Léveillé de l’Agence spatiale canadienne.

Avec les changements climatiques et les pressions environnementales, de nombreux scientifiques se tournent vers les temps reculés pour comprendre les transformations du climat et l’histoire de la Terre. La datation de la mer de Champlain en est un excellent exemple. «L’analyse des sédiments du Mont-Royal, prélevés lors des récents travaux de réfection du Lac-aux-Castors, nous a permis de confirmer qu’elle a 13 000 ans», explique Pierre JH Richard, paléogéographe et chercheur à l’Université de Montréal.

Son équipe a pu aussi retracer avec précision la colonisation arboricole lors du recul des eaux —peupliers faux-tremble, bouleaux blancs, érables rouges, etc.— à travers les morceaux de bois rongés par les castors, déjà présents il y a 11 000 ans.

Découverte phare

Au Québec, la paléontologie possède un site phare: le parc national de Miguasha dont les fossiles suscitent l’intérêt des scientifiques depuis 1842. Inscrit sur la liste des sites du Patrimoine mondial de l’UNESCO, ce parc gaspésien remonterait à la période géologique du Dévonien, le fameux Âge des poissons.

Le site vient même de s’enrichir d’une exceptionnelle découverte, celle d’un précieux spécimen, l’ Elpistostege watsoni – un poisson qui pourrait bien être le «chaînon manquant» entre le poisson et un tétrapode capable de sortir des eaux ( Ichtyostega ).

Donc, un poisson rare qui pourrait même nager virtuellement dans l’exposition du parc. «Faire nager les spécimens fossiles sur les écrans rend accessibles les données scientifiques pour le grand public. L’intérêt réside surtout en une reconstitution fidèle et la modélisation des structures internes des spécimens», soutient toutefois le biologiste évolutif et paléontologue des vertébrés, Richard Cloutier.

Le directeur du Comité de programmes d’études avancées en biologie de l’Université du Québec à Rimouski relève qu’après une longue phase plutôt descriptive, la paléontologie doit passer à l’étape de l’interprétation et de la validation des connaissances. La modélisation 3D aidera ainsi les chercheurs à mieux comprendre comment s’emboîtent les plaques osseuses ou fonctionnent les mâchoires fossilisées.

La réalité augmentée et le 3D ne remplaceront toutefois jamais une visite dans un musée d’histoire naturelle pour se frotter aux vrais fossiles. «C’est un outil qui doit aussi nous permettre d’attirer de nouveau les visiteurs au musée», pense-t-il. Une sorte d’hameçon virtuel pour redécouvrir la paléontologie dans son milieu naturel!

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