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Si l’alignement des astres politiques ne rend pas très optimiste à l’égard du Sommet de New York sur le climat, en revanche, les manifestations tenues dimanche et lundi démontrent qu’un mouvement populaire a émergé ces dernières années, presque à l’insu des mouvements environnementaux. Suivez sur cette page nos mises à jour.

[Ajout 24 septembre, 15h30] La marche pour le climat était bien plus que pour le climat, écrit Hanna Kozlowska dans le New York Times . C'était une protestation pour l'environnement, pour le changement, pour une société différente. Et la semaine à New York a permis d'apprendre 10 choses, énumère Alice Bell, dont celle-ci: passer à une économie verte semble moins coûteux qu'on ne l'a annoncé. Un momentum serait-il en train de se construire?

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[Ajout 24 septembre, 8h30] S'il doit y avoir une retombée positive à cette rencontre, c'est dans la liste des engagements des gouvernements (sur les forêts, l'énergie, l'agriculture et l'aide financière). La liste aurait certes pu être plus longue, parce que la planète est toujours en route vers une augmentation de 3 à 5 degrés d'ici 2100. Mais ces promesses constituent la grosse différence par rapport à la conférence de Copenhague en 2009, qui s'était soldée par un échec.

[Ajout 23 septembre, 22h50 ] Le discours du président Obama, à la tribune des Nations Unies cet après-midi, n’a pas fait sauter de joie les environnementalistes: il a souligné la gravité de la crise climatique, mais sans avancer de promesses, sauf une: il utilisera le pouvoir qui lui est dévolu pour intégrer l’aide à la lutte contre les changements climatiques aux programmes d’aide internationale du gouvernement américain.

Le vice-premier ministre chinois, de son côté, a promis 6 millions en aide à l’adaptation aux changements climatique. Une annonce où il s’est toutefois fait coiffer au poteau par le président français qui, à la même tribune quelques minutes avant lui, a promis d’injecter un milliard dans le Fonds vert sur le climat des Nations Unies. L'objectif de ce Fonds: 15 milliards d’ici la fin de l’année. Les États-Unis, le Canada, l’Australie, n’ont pas encore annoncé d’engagement.

[Ajout 23 septembre, 20h10 ] En tournant le dos à l’économie verte, le Canada passe à côté d’importantes opportunités. L’affirmation n’étonnera pas, provenant d’un groupe de défense des énergies vertes, Clean Energy Canada, mais les chiffres déposés lundi à New York font effectivement du Canada un nain: 6,5 milliards$ en 2013, contre 55 milliards en Chine et 207 milliards dans le monde.

Le Québec de son côté, devrait se garder de trop pavoiser, écrit la journaliste Valérie Borde. Certes, son bilan de réduction des gaz à effet de serre est excellent, mais c'est grâce au secteur industriel. L’étape suivante, celle des transports sera plus difficile: ce secteur représente 44% des émissions québécoises.

[Ajout 23 septembre, 12h35] Les maires unis. Les maires de Johannesburg, Bonn et Istanboul ont annoncé ce matin à New York une entente entre des villes du monde entier déjà engagées dans des politiques de réduction de leurs gaz à effet de serre. Cette entente permettrait d’établir un processus «uniforme et transparent» pour mesurer leurs avancées.

En fin de semaine, lors de la marche dans les rues de sa ville, le maire de New York avait annoncé un plan de réduction des gaz à effet de serre de 80% d’ici 2050.

Considérant à quel point il est difficile de mettre d’accord près de 200 pays, pourquoi n’encourageons-nous pas davantage les ententes entre gouvernements locaux, voire entre les villes? C’était la proposition que faisait dimanche le professeur de droit de l’environnement à l’Université Yale, Daniel Esty. «La véritable action sur le front du climat provient des gouverneurs, des maires, des chefs d’entreprise et des chefs de file de leurs communautés.»

[Ajout 23 septembre, 11h40] L'axe du carbone. Alors qu’un consensus international semble se créer sur une forme ou l’autre de lutte au carbone, le Canada et l’Australie forment, eux, un «axe du carbone», écrit le journaliste John Cushman dans Inside Climate News . S’ils en rallient d’autres à leurs causes, ce pourrait être un frein à toute initiative cette semaine. Leurs premiers ministres ne sont pas à New York pour le Sommet.

[Ajout 23 septembre, 8h30] C’est la semaine pour en parler: deux jolies animations vulgarisent l’impact de l’humain sur le climat

[Ajout 22 septembre, 23h15] Alors que New York se remet de la plus grande mobilisation sociale des dernières années, et que l’édifice des Nations Unies s’apprête à accueillir les représentants de 150 pays pour une rencontre spéciale sur le climat, deux documents ajoutent leur pierre à l’édifice:

  • Le premier est une étude scientifique, publiée aujourd’hui dans Nature Geoscience : l’équipe internationale du Global Carbon Budget évalue à 1,2 milliard de tonnes métriques de carbone le «surplus» qu’il nous est encore possible d’émettre si nous ne voulons pas dépasser la barre des 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux d’il y a un siècle. Au rythme actuel, nous aurons brûlé ce milliard de tonnes dans moins de 30 ans, et ça continuera d’augmenter.
  • Le deuxième document surprend davantage, parce qu’il provient de la Banque mondiale: 1000 compagnies, 73 pays et 11 gouvernements régionaux appuient une forme ou l’autre de taxe au carbone dans le but d’effectuer un virage vers une économie plus verte. Parmi les signataires, la Chine, la Russie et l’Union européenne, et même certaines pétrolières (BP) mais pas toutes (Exxon, Chevron, Total, etc.). Parmi les absents, les États-Unis et le Canada. Mais ont donné leur appui la Californie, le Québec et... l’Alberta.

Venu lui aussi à New York pour vanter les mérites du marché du carbone québécois, le premier ministre du Québec Philippe Couillard a refusé, lundi soir, de commenter l’absence du Canada de cette liste.

Du côté des climatosceptiques

Pendant ce temps, le Wall Street Journal publiait samedi, fidèle à ses habitudes, une lettre d’opinion niant les changements climatiques et débordant d’erreurs factuelles. Son signataire, présenté comme un «expert» est en fait l’ancien scientifique en chef de BP.

La marche: la rue tire la sonnette d'alarme

Les 400 000 personnes qui ont marché dimanche à New York et les dizaines de milliers d’autres dans des centaines de villes —dont Montréal et Paris— constituaient l’aboutissement d’un travail de six mois. Ainsi que le point de convergence de 1400 organismes à travers le monde, selon les organisateurs, qui ont mis l’accent sur le fait qu’il s’agit d’efforts venus de la base. «Nous allons faire entendre la sonnette d’alarme aux gens qui sont en train de voler notre futur», a résumé Bill McKibben, fondateur de l’organisme 350.org, au coeur de cette mobilisation.

Bill McKibben avait résumé les ambitions de cette marche dans un article paru il y a quatre mois dans le magazine Rolling Stone :

Au quotidien, cette résistance est dispersée, locale et centrée sur l’ordinaire: installer un nouveau zonage, des panneaux solaires, convaincre le conseil scolaire de vendre ses actions de BP. Mais parfois, il est nécessaire de s’assembler et de montrer au monde combien tout cela est devenu gros.

Un texte qui a eu une résonance inattendue ce mois-ci, quand un procureur de l’État du Massachusetts l’a cité comme source d’inspiration pour sa décision de retirer la plupart des accusations pesant sur deux activistes qui avaient bloqué une livraison de charbon à une centrale locale.

L’auteure et activiste Naomi Klein voit d'ailleurs un clivage entre ce que sont devenus au fil du temps les groupes environnementaux et leur base, un des thèmes de son dernier livre, paru opportunément ce mois-ci: This Changes Everything: Capitalism vs. the Climate . Les environnementalistes ont cru bien faire dans les années 1990 et 2000 en s’alliant aux grandes compagnies, mais celles-ci, juge Naomi Klein, ont amplement démontré que la poursuite de leur croissance était toujours leur priorité, un fait incompatible avec le virage que le capitalisme devra prendre.

La route de Paris

Cette rencontre de représentants de 150 nations, organisée dans l’édifice des Nations Unies à New York, se veut une passerelle vers l’édition 2015 de la conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques —celle qui, à Paris, est censée accoucher du futur traité sur la réduction des gaz à effet de serre. Déjà, lors de la rencontre de 2009, à Copenhague, l’impossibilité d’en arriver à un accord avait fait dire à plusieurs que la cause était entendue, et que jamais la totalité des États du monde n’arriverait à signer un accord. L’intention autant du secrétaire général des Nations Unies avec cette rencontre, que de Bill McKibben avec la mobilisation du 21 septembre, est donc d’éviter un échec comme celui de Copenhague.

Ce qui rend pessimiste quant aux chances de succès de la rencontre aux Nations Unies, c’est le clivage pays riches-pays pauvres, plus pesant que jamais, ont écrit les journalistes Justin Gillis et Coral Davenport dans le New York Times de dimanche. Les pays plus pauvres veulent que les plus riches paient le poids de leurs responsabilités, et les pays plus riches ne veulent pas s’engager.

Air connu. Pourtant, ce qui pourrait être différent cette fois, c’est le poids de l’économie. La Banque mondiale et le FMI ont tour à tour tenté de mettre des chiffres sur l’inaction face aux changements climatiques. Et les optimistes, à la veille de l’ouverture de la conférence, étaient nombreux à espérer que les présidents américain et chinois n’arrivent pas, cette fois-ci, les mains vides.

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