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Si le Pentagone décrète que les changements climatiques constituent une menace pour la sécurité, qui les États-Unis vont-ils bombarder?

«Menace immédiate», va jusqu’à souligner le rapport rendu public le 13 octobre par le ministre de la Défense lui-même, Chuck Hagel, dans le cadre de la Conférence des ministres de la Défense des Amériques, tenue au Pérou. Et menace pour tous les pays, a ajouté Hagel, pour qui tous ses vis-à-vis doivent faire partie de «cette discussion globale».

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Ce à quoi certains médias n’ont pas manqué de faire remarquer que Chuck Hagel, alors qu’il était sénateur, avait piloté une démarche visant à tuer le Protocole de Kyoto, traité international sur la réduction des gaz à effet de serre.

Les changements climatiques sont «un multiplicateur de menaces» explique le rapport du Pentagone, parce qu’ils ont le potentiel d’exacerber plusieurs des dangers auxquels nous faisons déjà face —maladies infectieuses, désastres humanitaires, pénuries d’eau, famines et guerres civiles. Du coup, des gouvernements «déjà fragiles» pourraient le devenir plus encore, parce qu’ils seront incapables de réagir adéquatement.

Pendant que les scientifiques convergent vers un consensus sur de futures projections climatiques, des incertitudes demeurent. Mais ce ne saurait être une excuse pour retarder l’action. Chaque jour, nos militaires gèrent l’incertitude. Nos planificateurs savent que, comme le stratège militaire Carl von Clausewitz l’a écrit, «toute action doit, jusqu’à un certain point, être planifiée lorsque le jour pointe à peine.»

Sans compter que la hausse du niveau des mers menace directement certaines bases américaines à l’étranger. Et que l’ouverture de l’Arctique à la navigation obligera les États-Unis à surveiller davantage cette région «pour assurer sa stabilité» —à ce sujet, aucune mention n’est faite du Canada.

Ce n’est pas la première fois que l’armée la plus puissante du monde pointe les risques à la «sécurité» que causent les changements climatiques, mais c’est cette fois l’esquisse d’un plan à long terme (roadmap) qui compose le rapport de 20 pages.

Toutefois, pour le journaliste Andrew Strauss, qui a justement couvert les rapports précédents, ce rapport ne changera rien. Il est trop vague et surtout, pour qu’un tel plan «d’attaque» obtienne des budgets, il faudra l’appui du Congrès et déjà, les élus les plus conservateurs ont reproché cette semaine au président Obama d’avoir financé un rapport sur le climat plutôt que sur le groupe État islamique.

«Il est désolant, écrit Strauss, que les élus ne réalisent pas que le climat est l’une des grosses raisons pour lesquelles nous vivons actuellement cette situation au Moyen-Orient»: sécheresses, épuisement des ressources, populations déplacées, constituent les ingrédients parfaits pour une guerre civile. Et les militaires semblent bien placés pour en voir les germes.

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