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À deux jours d’intervalles, la tragédie de la fusée SpaceShipTwo, qui a entraîné la mort d’un pilote d’essai, et l’explosion de la fusée Antarès, qui devait ravitailler la station spatiale, ont été de très mauvaises nouvelles pour l’expansion du secteur privé dans l’espace.

Mais surtout, pour le tourisme spatial, dont on se demande quel en sera le prix à payer.

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SpaceShipTwo, un engin construit par la compagnie Virgin Galactic, du milliardaire Richard Branson, est le prototype d’un avion spatial qui, dès la prochaine année, était censé conduire ses premiers touristes là-haut —six à la fois— pour quelques minutes d’apesanteur: une trajectoire en forme de parabole qui, à son point le plus élevé, les placerait au-delà de l’atmosphère, à une centaine de kilomètres d’altitude, avant de revenir sur Terre.

Ce scénario d’un premier vol commercial dès 2015 était toutefois très optimiste. Il semble à présent très improbable. L’engin s’est brisé en plein vol vendredi, et est retombé dans le désert de Mojave, en Californie. Un pilote, Michael Tyner Alsbury, est mort, l’autre a pu s’éjecter.

C’était le 55e vol d’essai du SpaceShipTwo, mais seulement le 4e à inclure un essai de moteur. Avant cela, l’engin restait attaché à un autre avion, ou bien revenait se poser comme un planeur.

Même son plus grand défenseur, Richard Branson lui-même, se faisait très prudent samedi. Le rêve d’un tourisme spatial est là pour rester, a-t-il d’abord dit dans un communiqué préparé à l’avance. Mais personne ne peut garantir pour quand, a-t-il reconnu devant les journalistes.

D’autres sont plus catégoriques. Le journaliste Adam Rogers écrivait vendredi dans Wired que rien, dans le rêve d’un tourisme spatial caressé par Branson et d’autres, ne justifie qu’il y ait mort d’homme. Ce projet n’est rien de plus que «la montagne russe la plus coûteuse de l’histoire». On est très loin, ajoute Rogers, du rêve d’une conquête spatiale censée se faire pour le plus grand bien de l’humanité.

Lorsque plusieurs représentants corporatifs louangent ces deux pilotes comme des pionniers qui contribuent à notre traversée de l’Ultime frontière, cela devrait vous mettre en colère. Ce pilote n’est pas mort pour le cosmos mais pour un fournisseur de services de luxe. Sa mort ne nous rapproche pas du tout de Mars.

Un billet pour un de ces vols en apesanteur se vend 250 000$. Selon les chiffres fournis en avril dernier par Virgin Galactic, 700 personnes auraient déjà acheté leur billet, même si aucun vol n’est encore à l’horizon. La rumeur veut que parmi ces «astronautes» potentiels figurent Justin Bieber, Ashton Kutcher et Stephen Hawking. Un des acheteurs à être sortis de l’anonymat, l’auteur Jim Clash, déclarait en fin de semaine que l’accident ne le dissuaderait pas de prendre son siège, un jour.

À ne pas confondre avec les autres compagnies privées qui tentent de mettre un pied dans l’espace: Orbital Sciences par exemple, la compagnie derrière la fusée Antarès qui a explosé peu après son lancement mercredi, est en compétition avec d’autres pour décrocher les contrats de ravitaillement de la station spatiale. Tant que les gouvernements auront la volonté d’investir dans la recherche ou l’exploration spatiale, ils auront besoin du secteur privé.

Alors qu'en comparaison, les ambitions de Virgin Galactic reposent entièrement sur le désir de certains individus plus aisés de se payer une expérience inédite... et du coup, sur la confiance qu’auront ces individus envers cette technologie.

SpaceShipTwo est, comme son nom l’indique, une version améliorée de SpaceShipOne qui avait été, en 2004, le premier engin financé par des fonds privés à atteindre les «limites» de l’espace —100 kilomètres d’altitude. À cette occasion, son concepteur, Burt Rutan, avait annoncé qu’il y aurait 100 000 touristes dans l’espace dix ans plus tard —soit en 2014.

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