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Peu d’infirmières évaluent vraiment l’état psychologique de leur patient. En faudrait-il plus? Pour l’instant, la détection d’un problème revient souvent au psychiatre... et il faut attendre trois mois pour le voir!

Pourtant, «évaluer la condition physique et mentale, c’est notre premier rôle!», affirme Claude Leclerc, professeur en soins infirmiers à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Du moins, c’est ce que dit la loi. Mais, il y a beaucoup de confusion dans le système de santé quand on parle d’état psychologique.

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M. Leclerc était le premier conférencier du symposium sur la santé mentale, dans le cadre du congrès de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, le 4 novembre. Cette réunion annuelle a attiré plus de 1200 personnes au Palais des congrès de Montréal.

Nouvelles infirmières

De son côté, Sandra Thibault est un tout nouveau type d’infirmière. Elle fait partie de la poignée de diplômés de la maîtrise en santé mentale, fraîchement diplômée en 2014. Ces nouvelles infirmières cliniciennes en santé mentale ont le pouvoir d’ «évaluer les troubles mentaux» alors que leurs collègues ne peuvent qu’ «évaluer la condition mentale». Une petite différence de mots qui fait une grosse différence sur le terrain.

Jusqu’à maintenant, seuls les médecins pouvaient se prononcer sur une maladie. «Mais nous, ce n’est pas un diagnostic qu’on fait, c’est une impression clinique», a rappelé l’infirmière clinicienne lors de la conférence. En gros, elles peuvent maintenant faire des tests pour pointer du doigt la maladie, mais c’est toujours le médecin qui est le juge. Les nouvelles infirmières peuvent aussi s’occuper de certaines tâches des psychiatres, comme suivre des patients ou référer en vitesse des personnes qui en ont besoin.

Mme Thibault souligne qu’agir rapidement est crucial en santé mentale. «Évaluer en première ligne peut améliorer le pronostic. Si l'on envoie la personne voir le psy pour évaluation... le délai peut faire qu’il va finir par avoir vraiment besoin d’un psy.»

Autrement dit, en s’occupant de certaines tâches du psychiatre et en détectant les problèmes avant qu’ils ne s’aggravent, les infirmières spécialisées en santé mentale peuvent doublement diminuer les listes d’attente en psychiatrie! Pour l’instant, le temps qu’il faut pour rencontrer un psychiatre est souvent trop long pour les patients, mais aussi pour leur entourage.

Toutes doivent aider pour diminuer l’attente

«À Québec, ça prend même 3 à 6 mois avant de voir un psychiatre. Ça donne 10 fois le temps au problème d’empirer et au patient de tomber en dépression, d’essayer de se suicider, de battre sa femme ou on ne sait pas quoi d’autre! », s’indigne Lise Laberge, présidente de l’Association québécoise des infirmières et infirmiers en santé mentale.

Selon elle, les nouvelles infirmières spécialisées peuvent faire diminuer les files d’attente, mais les autres aussi devraient être plus attentives aux problèmes mentaux. «Quand on se spécialise en santé mentale, on délaisse la santé physique... et les autres infirmières mettent de côté la santé mentale. On veut vraiment amener les infirmières générales à s’intéresser à la santé mentale et vice-versa.»

Avec un effort de l’ensemble des infirmières, l’attente pourrait bien finir par être moins longue pour les 900 000 personnes atteintes de troubles mentaux chaque année au Québec. C'est du moins ce qu'espéraient les intervenants lors du congrès de l’Ordre des infirmières. À leurs yeux, vu le nombre de patients atteints, vérifier l’état mental devrait figurer au premier rang du rôle de toutes les infirmières.

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