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La confirmation que 2014 avait été l’année la plus chaude en 130 ans était une grosse nouvelle, mais pas la plus grosse. La grosse nouvelle se cache plutôt sous la surface des océans.

C’est que tandis que la température moyenne de la planète continue de grimper en dents de scie, la température des océans, elle, grimpe tout court. Au sein des données dévoilées la semaine dernière par l’agence américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA), résidait une mise à jour trimestrielle de la quantité d’énergie absorbée par les océans. Et le réchauffement climatique, c’est là qu’il se joue.

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Les «records de température» qui ont fait la manchette ce mois-ci concernent en effet la température mesurée à la surface des continents et des océans. Or, ce n’est là qu’une petite partie de ce que signifient réellement les mots réchauffement climatique: plus de 90% de ce réchauffement, ou de cette énergie supplémentaire, est absorbé par les océans. Autrement dit, les océans accumulent de la chaleur, empêchant le reste de la planète de voir le mercure grimper. Mais personne ne semble savoir combien de temps encore ils pourront accumuler ces surplus.

L’excitation provoquée chaque année par la possibilité d’un nouveau record est légitime, écrit le climatologue Gavin Schmidt, mais cette trop grande attention obscurcit du coup la discussion à faire sur le climat.

L’excitation et les critiques autour de ces chiffres annuels fournissent une fenêtre sur certains des problèmes concernant le discours public sur le climat. Beaucoup d’attention et d’énergie se concentrent sur des questions qui ont peu d’implications pour les décideurs politiques et aucune pour une meilleure compréhension du système climatique. À mon avis, les tendances à long terme sont beaucoup plus importantes que le fait de savoir si une seule année constitue un record ou non.

Les experts des océans, eux, ont bien du mal à voir la «pause» que prétendent voir les climatosceptiques: leurs graphiques à eux, qui remontent jusqu’à 1955, sont continuellement pointés vers le haut, que l’on considère la température des océans entre 0 et 700 mètres de profondeur ou entre 0 et 2000 mètres. Dans une étude publiée en 2013, John Abraham et ses collègues parlaient même d’une «accélération» du réchauffement sous la surface des océans. Au point où, ironise-t-on cette semaine, les climatologues doivent «refaire leurs graphiques» pour tenir compte d’une courbe qui monte plus vite que prévu.

La grosse inconnue en climatologie est donc du côté des océans. Combien de chaleur supplémentaire peuvent-ils absorber? Autrement dit, quel est leur seuil de tolérance au-delà duquel cette chaleur supplémentaire que nous produisons va rester dans l’atmosphère et du coup, faire grimper nos thermomètres? Le climatologue Matthew England, co-auteur d’une étude à ce sujet dans Nature Climate Change répondait en 2014:

Les scientifiques soupçonnent depuis longtemps que la chaleur supplémentaire absorbée par les océans a ralenti la hausse des températures moyennes... Mais cette absorption de chaleur n’est en aucun cas permanente. Lorsque la tendance va revenir à la normale, notre recherche suggère que la chaleur va rapidement s’accumuler dans l’atmosphère. En conséquence, la température moyenne devrait s’élever rapidement.

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