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Pour un amateur de théories du complot, profiter des réseaux sociaux pour se nourrir des gens qui pensent la même chose relève de l’évidence. Mais ça rend aussi cette personne plus susceptible de prendre au premier degré des textes parodiques ou sarcastiques!

Les extraterrestres reptiliens, les chemtrails, l’anti-vaccination, les climatosceptiques: en plongeant dans les théories du complot à saveur scientifique, les chercheurs derrière une recherche intitulée «Science versus complot» savaient qu’ils trouveraient un matériau inépuisable sur les réseaux sociaux, et en particulier sur Facebook.

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La dissémination de la désinformation dans ce contexte peut être particulièrement difficile à détecter et à corriger en raison du renforcement social : les gens sont plus susceptibles d’accorder leur confiance à une information cohérente avec leur système de croyances.

Ils ont donc construit une «carte» des sources d’information scientifique et complotiste sur Facebook. Plus de 271 000 billets créés par 73 pages.

Mais ces chercheurs italiens, dont l’article est paru le 23 février, ont aussi analysé une faune parallèle: les usagers qui se moquent des théories du complot et créent des pages spécifiquement dans le but de se moquer. Et les chercheurs ont rapidement constaté à quel point ces pages sont prises au premier degré par les complotistes. Ainsi, la plupart de ceux qui ont cliqué «J’aime» sur des billets pourtant clairement satiriques ou parodiques sont des gens qui croient au complot, et n’ont pas saisi qu’il s’agissait d’une blague.

De même, 78% de ceux qui ont commenté sont dans la mouvance complotiste et ont pris le message au premier degré. Au point où «il n’est pas rare que ces messages deviennent viraux, et sont utilisés comme preuve dans les débats en ligne »

Qu’est-ce qu’une théorie du complot à leurs yeux?

Ces théories tendent à réduire la complexité de la réalité en expliquant des enjeux sociaux ou politiques importants sous la forme de complots conçus par des individus ou des organisations en pouvoir.

Les chercheurs en psychologie ont déjà appelé ce phénomène la fermeture (en anglais, cognitive closure), cette tendance de l’esprit humain à éliminer les ambiguïtés afin d’arriver à une conclusion claire et nette. Dans les cas extrêmes, ça devient une forme d’étroitesse d’esprit qui conduit à n’écouter que les gens qui pensent comme nous.

Et ce ne sont pas que les complotistes qui tombent dans le panneau, ajoutent Alessandro Bessi et ses collègues: certains de ceux qui sont dans le camp «pro-science» ne saisissent pas toujours l’ironie ou le sarcasme... et consacrent beaucoup d’efforts à expliquer aux auteurs de ces commentaires pourquoi ils ont tort.

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