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Et si Game of Thrones était une métaphore sur notre inaction face aux changements climatiques? Lecture inédite d'une série qui fait déjà beaucoup jaser...

Certes, le futur appréhendé par les habitants de la planète imaginaire du Trône de fer, c’est l’hiver, et non le réchauffement. Comme le veut le mantra de la série télé, «l’hiver approche», un hiver susceptible de durer 10 ans, voire plus. Mais le parallèle que voient certains, c’est que les réactions à «leur» hiver et à «notre» réchauffement sont les mêmes:

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  • ils ont un ordre militaire qui connaît les conséquences dévastatrices de l’hiver et qui tente, avec peu de succès, de prévenir sa société... tandis que nous avons les scientifiques;
  • et ils ont des gouvernants trop occupés à se battre entre eux pour faire des changements climatiques une priorité...

Une chercheuse postdoctorale de l’Université d’État de l’Arizona, Manjana Milkoreit, a étudié pas moins de huit blogues consacrés aux questions climatiques de Game of Thrones —ce qui lui a valu un reportage de l’agence Reuters. Où elle dit ne voir du positif: «les changements climatiques peuvent être un sujet apeurant et très difficile, que les gens préfèrent éviter.» Mais certains blogueurs «veulent aider des gens à s’impliquer, en montrant que ça peut être amusant d’en parler, si on fait des liens avec l’émission.»

L’une de ces blogueuses a par exemple écrit, au nom d’un organisme appelé l’Alliance pour l’éducation au climat, un billet intitulé «9 choses que Game of Thrones m’a apprises sur les changements climatiques». En tête de liste: «comment la politique distrait les gens du problème».

C’est que, sur cette planète imaginée par l’auteur George R.R. Martin, qui vit à un niveau technologique équivalant à notre Moyen Âge, un hiver de plusieurs années signifie, par la force des choses, un impact dévastateur sur l’agriculture, les sources de nourriture et d’eau, bref, des conséquences imprévisibles sur le mode de vie en général.

Est-ce scientifiquement plausible? Ce n’est pas la première fois que des chercheurs ou des blogueurs utilisent Game of Thrones pour illustrer ou vulgariser la science des saisons. Un hiver de 10 ans, par exemple, n’aurait rien d’anormal sur une planète dont l’orbite serait différente de la nôtre. Le problème toutefois, est l’imprévisibilité de cet hiver et de sa durée: autrement dit, l’hiver ne revient pas à intervalles réguliers et n’a jamais la même longueur, ce qui n’a pas de sens en astronomie.

En 2013, un groupe d’étudiants en physique et astronomie de l’Université Johns Hopkins avait tenté d’expliquer le phénomène en supposant l'existence de deux étoiles plutôt que d’une seule. La climatologue Kaitlin Alexander proposait en 2014 qu’il puisse s’agir de mini-ères glaciaires, plutôt que d’hivers, provoquées par les variations de l'axe de cette planète, lequel serait perturbé à intervalles irréguliers par le passage des planètes les plus proches.

On en saura peut-être plus si, dans quelques siècles, les gens de Westeros se rendent jusqu’au voyage spatial. Si les changements climatiques le leur en laissent le loisir.

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