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El Niño pourrait être à la fois un stimulant pour l’économie et un faiseur de récessions. S’il est aussi gros qu’on l’annonce, il n’aura en effet pas juste un impact sur la météo.

Officiellement, cette perturbation des courants du Pacifique a commencé à se former en mars et depuis, n’a de cesse de grossir. Il pourrait officiellement obtenir son étiquette de «fort» El Niño en août, atteindre son sommet vers décembre et s’estomper au début du printemps (80% de chances qu’il se rende jusque-là, selon l’agence américaine NOAA). Entretemps, tel un effet domino, il aura eu des impacts à travers le monde —provoquant des pluies torrentielles en Amérique, des sécheresses en Indonésie et en Australie, un hiver plus froid en Europe. Peut-être davantage d’ouragans dans l'est du Pacifique, peut-être moins dans l’Atlantique.

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Or, si ça devait être le plus fort El Niño depuis ceux de 1982-93 et 1997-98, ça pourrait vouloir dire de fortes pluies en Californie, et les Californiens en seraient très heureux. À l’inverse, ça pourrait se traduire par des inondations dévastatrices au Pérou, où le gouvernement a déjà annoncé des mesures d’urgence «préventives». De l’autre côté du Pacifique, on craint qu’une sécheresse ne soit déjà commencée en Thaïlande, résultat d’une saison des pluies (la mousson) anormalement courte. À l’inverse, espère-t-on déjà en Inde, El Niño pourrait se traduire par une mousson plus puissante en 2016.

À l’échelle économique, si ces prédictions se réalisent, il faut s’attendre à une hausse du prix du café, du chocolat et du sucre, sans parler du riz en Asie. Un rapport des Nations Unies a déjà évalué à 11 milliards de dollars la facture du El Niño 1998 pour la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Pérou et le Venezuela. À l’inverse, si la pluie entraîne de meilleures récoltes, c’est un bonus pour l’économie des États-Unis, du Mexique et, dans une moindre mesure, de l’Europe. Les plus gravement affectés économiquement seraient l’Indonésie (industrie minière, café et cacao), et l’Australie.

Et il n’y a pas que la pluie, il y a la chaleur. Ce déplacement de chaleur entraîne une hausse moyenne de la température à la surface du globe, ce qui veut dire un nombre plus élevé de canicules dans des régions qui ont déjà eu plus que leur quota ces dernières années.

Le problème avec El Niño toutefois, c’est qu’il est... imprévisible. Il réapparaît dans les eaux du Pacifique à des intervalles variant de deux ans... à sept ans. Le premier signal d’alarme est une hausse de la température dans ces eaux, causée par un ralentissement des vents de l'est. Ces eaux plus chaudes se déplacent vers les côtes d’Amérique centrale et du Sud (c'est le phénomène qui est commencé), entraînant toute une série de perturbations. Toutefois, les spéculations abondent sur ce qui se passe à de plus grandes profondeurs de l'océan pour déclencher ces changements. El Niño est parfois exceptionnellement puissant, parfois indiscernable.

Les météorologues avaient prédit un fort El Niño l’an dernier, qui ne s’est pas matérialisé. Ils n’avaient pas prévu la puissance de celui de 1997-98.

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