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Les États-Unis ont accueilli 1,8 million de réfugiés entre 1995 et 2013. Parmi eux, ceux qui ont commis un acte terroriste sont au nombre de... zéro. Le Canada en a accueilli 263 000 entre 2005 et 2014. Et ceux qui ont commis un acte terroriste sont également au nombre de zéro.

Pour mémoire, les responsables des attentats de Saint-Jean sur Richelieu et d’Ottawa l’an dernier étaient nés au Canada. Aux États-Unis, aucun des responsables de l’attaque du 11 septembre 2001 n’était un réfugié.

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La plus proche exception est celle des frères Tamerlan et Dzhokar Tsarnaev, responsables de l’attentat au marathon de Boston en 2013. Leurs parents ont été accueillis comme réfugiés en 2002 et ont fait venir leurs enfants ensuite. Côté canadien, Raed Jaser, reconnu coupable en 2013 d’un complot pour placer une bombe sur un train, avait vu deux demandes pour obtenir le statut de réfugié être rejetées.

Et même si on devait apprendre que le passeport syrien retrouvé à Paris en fin de semaine appartenait bel et bien à quelqu’un qui serait arrivé directement de Syrie (ce qui est loin d’être sûr pour l’instant), cela n’en ferait pas un réfugié pour autant. Cette personne n’aurait pas pu obtenir un tel statut aussi vite, parce que le statut de réfugié fait l’objet d’une stricte définition des Nations Unies, et qu’il nécessite de passer à travers une série d’enquêtes. Les États-Unis et le Canada sont, en plus, protégés par des milliers de kilomètres d’océan.

Autrement dit : un fanatique qui choisirait de demander le statut de réfugié pour «infiltrer» un pays aurait devant lui une voie absurdement difficile. Un visa de touriste est beaucoup plus rapide.

Qui plus est, les réfugiés syriens qui obtiendront la priorité au Canada seront vraisemblablement des mères avec enfants et des mineurs sans parents, selon James Milner, politologue à l’Université Carleton et ancien employé du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Deux leçons de géographie révèlent pourquoi la peur des réfugiés à laquelle on assiste depuis les attentats de Paris vise la mauvaise cible.

  • La majorité des 60 millions de réfugiés dans le monde est bloquée dans des camps situés à proximité de leur pays d’origine (les réfugiés syriens, par exemple, sont surtout au Liban, en Jordanie et en Turquie). Or, selon une étude de 2013, plus la situation s’envenime dans le pays d’origine —ou dans les camps— et plus l’hostilité de la population locale augmente —ce qui nourrit l’extrémisme et, du coup, le terrorisme là-bas. Pour le politologue Josh Hampson, qui écrivait ces lignes deux semaines avant les attentats de Paris, «nous risquons plus gros en n’accueillant pas des réfugiés».
  • Sur 17 958 personnes mortes dans des attaques terroristes en 2013, 84% étaient en Iraq, en Afghanistan, au Pakistan, au Nigeria, en Syrie et en Somalie. Le Global Terrorism Index, qui compile ces chiffres depuis 1970, précise qu’entre 2000 et 2013, les 34 pays les plus riches de l’OCDE n’ont eu à subir que 5% des victimes du terrorisme. En 2013, seulement 0,6%.

Autrement dit, non seulement la vaste majorité des victimes de terrorisme se trouve-t-elle dans les pays d’où sont originaires les réfugiés, mais en plus, l’augmentation massive du nombre de victimes du terrorisme en 2013 —4000 morts, une hausse de 168%— s’est faite en Iraq (34% des victimes cette année- là) et en Afghanistan (17%). Soit les deux pays qui ont fait l’objet d’une invasion américaine dont ils ne se sont pas encore remis... Une exception s’est ajoutée à la liste en 2014 : le mouvement islamiste Boko Haram, au Nigeria, qui a mené ce pays dans le trio de tête.

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