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On s’en doutait: ce qui définit un climatosceptique, c’est d’abord et avant tout la politique. Un groupe de chercheurs a passé en revue 200 études et sondages dans 57 pays pour s’en assurer.

Ces dernières années, ces études et sondages ont cherché à dégager ce qui caractérise une personne qui se dit un peu, beaucoup ou pas du tout préoccupée par les changements climatiques; ou —plus largement— ce qui définit une «identité verte». Âge, sexe, scolarité, idéologie, règlements que cette personne appuierait ou non... Et de toutes les variables, celle qui domine, c’est l’affiliation à un parti politique.

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«Ceci suggère que l’acceptation des changements climatiques est davantage en phase avec l’identification à un parti politique spécifique qu’à des idéologies politiques sous-jacentes», écrivent les chercheurs, sous la direction du psychologue Matthew Hornsey de l’Université du Queensland, en Australie. L’étude est parue le 23 février dans Nature Climate Change .

Mais il y a aussi une surprise qui se dégage dans l’autre «camp»: le fait qu’une personne appuie très fort l’idée que la Terre soit en train de se réchauffer, ne se traduit pas nécessairement par des actions concrètes en faveur du climat. Les auteurs notent même que plus l’action proposée est concrète, plus l’appui diminue. Par exemple, ceux qui appuient les changements climatiques répondront très favorablement à l’idée de politiques qui feraient primer l’environnement sur l’économie. Mais ils seront beaucoup moins nombreux à appuyer l’idée d’une taxe au carbone.

Cela peut être causé par d’autres facteurs qui n’ont pas été pris en compte dans ces analyses —par exemple, une attitude négative face à toute forme de taxe. Mais ça révèle autre chose, suggère en entrevue Matthew Hornsey: «il y a une frange de la population qui croit aux changements climatiques et qui veut que quelque chose soit fait, mais de la même façon qu’ils veulent que quelque chose soit fait pour régler la pauvreté dans le Tiers-Monde».

Au passage, cette méta-analyse —une revue de la littérature scientifique— confirme ce que les psychologues disent depuis plusieurs années mais qui demeure un préjugé bien ancré dans la population : le fait d’être climatosceptique n’est aucunement associé au fait d’être moins scolarisé.

Ce n’est donc pas une étude qui ouvrira de nouvelles pistes de recherche. Elle pourrait même servir aux chefs politiques les plus conservateurs, en leur confirmant qu’ils peuvent être encore plus virulents dans leurs déclarations «anti-climat», puisque c’est un discours en phase avec leurs partisans.

En revanche, note Hornsey dans le Washington Post , une étude comme celle-ci devrait servir aux scientifiques qui tentent de vulgariser le climat et s’entêtent à le faire en s’imaginant que de déverser davantage de données peut faire changer d’avis une personne. Les scientifiques «nagent à contre-courant en tentant de changer d’avis des gens». Il serait beaucoup plus profitable, suggère-t-il, d’essayer de comprendre ce qu’est la vision du monde de ces gens et d’adapter le message en conséquence. Par exemple, suggérer que la protection de l’environnement est un acte patriotique ou que cela peut servir la sécurité nationale: ce sont des arguments qui auraient une résonance dans une partie de cette audience.

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