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Les virus livrent également bataille aux plantes, mais ne les gagnent pas toutes. Certaines, mieux armées que d’autres, jouent de la résistance. « C’est une course à l’armement entre le virus et la plante. La mainmise du virus sur la plante et la défense de cette dernière nous informeront de l’issue de cette lutte. La plante réussira-t-elle à déjouer les attaques virales ? », se questionne le chercheur de l’INRS-Institut Armand-Frappier, Jean-François Laliberté.

Dans un récent article publié dans le Journal of Virology , le chercheur québécois lève le voile, avec ses collègues, sur le réarrangement cellulaire qui se produit chez certaines plantes en présence de virus, qui deviennent des « usines virales » en facilitant elles-mêmes la réplication du virus.

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Depuis 30 ans, le chercheur s’intéresse au virus de la mosaïque du navet (TuMV). Ce virus s’attaque au genre Brassica — le navet, colza, le chou-fleur, le brocoli, le rutabaga, etc. — et sévit depuis les années 1950 en Ontario, dans la vallée de Niagara et plus récemment, en Colombie-Britannique et en Europe où il décime des récoltes.

Dans les champs infestés, les plants virent au jaune avant de perdre leurs feuilles matures, puis de se rabougrir. Ce phénomène résulte de la colonisation des plants par le virus grâce à un vecteur, un insecte piqueur qui inocule ce dernier dans la plante après s’être nourri sur des plants infectés.

Plutôt que d’étudier le contrôle des insectes, l’équipe de recherche examine maintenant les gènes de résistance naturelle des plantes pour mieux comprendre pourquoi certaines tombent malades et d’autres non. « Ces gènes de résistance sont en mesure de prévenir naturellement les virus. Cette défense, nous voulons la percer à jour pour répliquer le processus ailleurs, dans la nature », soutient le chercheur.

Usines virales

Grâce à l’imagerie cellulaire, les chercheurs suivent à la trace — fluorescente — l’avancée de l’infection dans la plante. Il est difficile de se débarrasser de cette infection puisque le virus se lie de matière intime au métabolisme de la plante. On assiste à un véritable remodelage cellulaire au profit du virus. « L’infection se propage d’une cellule à l’autre. Le virus utilise le système vasculaire de la plante pour circuler et aussi se répliquer en la poussant à remodeler certaines parties pour concentrer la production virale », explique-t-il.

Pour contrer cette attaque frontale du virus, certaines plantes possèdent un ARN « dégradé » capable de coder des protéines-clés pour freiner la prise d’otage virale. Les chercheurs derrière cette étude espèrent, grâce au « scalpel biologique » CRISPR, être en mesure bientôt de trouver la meilleure cible afin de répandre aux autres plants ce bouclier naturel.

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