Le Large Hadron Collider, LHC, ce méga-accélérateur de particules en Suisse, s’en remettra — on parle d’une interruption de service d’une semaine ou deux — mais les dommages sur l’amour-propre seront plus difficiles à réparer : toute la planète de la physique — en plus d’un grand nombre de médias — a fait ses gorges chaudes en fin de semaine de cette belette, ou peut-être était-ce plutôt une fouine qui, en rongeant un câble, a provoqué un court-circuit, en plus de mettre fin prématurément à son existence.

« Nous avons eu des problèmes électriques et nous sommes pas mal sûrs qu’ils ont été causés par un petit animal», a déclaré vendredi Arnaud Marsollier, le chef des relations publiques du CERN, l’organisme qui gère le LHC. Dans son rapport d’activités publié plus tard le même jour, le CERN accuse plutôt une fouine. Dans tous les cas, un très petit mammifère, à cause duquel la reprise d’expériences sur le boson de Higgs devra attendre la mi-mai.

Interrogé par les journalistes qui avaient du mal à comprendre qu’un engin aussi coûteux — et aussi gros : un cercle de 27 km — soit aussi vulnérable, Marsollier a rappelé que ce genre d’incident n’était pas une première : le LHC est situé « à la campagne, et bien sûr, nous avons des animaux sauvages tout autour ». On rappelle qu’en novembre 2009, une autre expérience avait été retardée de quelques heures, parce qu’un oiseau avait eu la mauvaise idée de laisser tomber un morceau de pain dur au mauvais endroit, provoquant lui aussi un problème électrique. Un pain baguette, avaient précisé sans rire quelques-uns, encore que cette partie du mystère n’ait jamais été élucidée.

Et la radio américaine NPR rappelle qu’en 2006, des ratons laveurs avaient mené une « attaque coordonnée » (selon les mots du communiqué de presse lui-même) contre un autre accélérateur de particules, en Illinois celui-là. De quoi alimenter des théories du complot d’un nouveau genre...