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La maladie de Lyme progresse doucement au Québec. Pourtant, cette infection transmise par la tique fait beaucoup parler d’elle, ici comme ailleurs. Le Québec et le Canada, plus récemment, se sont dotés d’un programme de surveillance de la maladie, présente dans la moitié des États américains. En France, la polémique autour de cette affection a poussé récemment le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine, à joindre sa voix à celles des malades français pour réclamer une « politique cohérente » sur la maladie.

Tout comme le virus du Nil occidental, cette maladie relance la réflexion sur les conséquences des changements climatiques sur notre santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 250 000 personnes supplémentaires décéderont, chaque année, des conséquences des changements climatiques entre 2030 et 2050 dans les zones plus vulnérables de notre planète.

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La maladie de Lyme, si désagréable qu’elle soit, n’est pas mortelle. Les changements climatiques nous forcent pourtant à anticiper le fardeau des maladies saisonnières. « Ces changements complexifient notre manière de vivre et de penser les politiques de santé publique », pense même Éric Tchouaket, expert en analyse économique des interventions en santé publique et professeur en sciences infirmières de l’Université du Québec en Outaouais.

L’augmentation de la température, la polarisation des saisons froide et chaude, la multiplication des précipitations et des canicules – tous les épisodes météorologiques extrêmes – contribuent à la résurgence de maladies infectieuses véhiculées par l’eau, les insectes et divers animaux à sang froid (zoonoses).

Le Québec en zone tropicale

Les changements climatiques augmentent l’incidence des maladies infectieuses, car notre climat se tropicalise – avec des périodes de chaleur intense et deux saisons très marquées, l’hiver et l’été. La migration des insectes vers des territoires plus nordiques provoque un accroissement du territoire des porteurs de maladies.

Cette adaptation forcée à un climat plus chaud, où les risques d’infections sont en hausse, influence la planification des politiques de santé publique, de même que nos activités sportives, de loisirs et autres. Ces changements auraient également un effet sur le rythme du métabolisme humain. « Il y a une recrudescence des problèmes de santé mentale et de stress liés à cette adaptation contrainte aux nouvelles conditions de vie », soutient le Pr Tchouaket.

La prévention, même si les bénéfices en sont souvent invisibles, prend alors de l’importance pour planifier les actions de protection des populations sensibles – c'est-à-dire les enfants et des personnes âgées. « Il vaut mieux anticiper les changements que de se retrouver en situation de crise, comme on le voit dans le cas du virus Zika. Prévenir le problème réduit également les coûts et surtout améliore la santé des mères et des nourrissons à naître », relève encore l’expert.

Leçons du passé et d’ailleurs

L’anticipation des problèmes de santé liée aux changements climatiques passe par une meilleure connaissance des cycles d’évolution des maladies passées et des stratégies adoptées dans les zones plus chaudes du globe, d’où proviennent les insectes et autres vecteurs de maladies. « Nous ne vivons pas en silo. Il faut profiter des leçons de notre village planétaire et voir quelles mesures ont été mises en place au Mexique ou ailleurs pour contrer les maladies infectieuses », s’exclame le Pr Tchouaket.

Loin d’éradiquer les maladies, l’objectif sera de réduire leur propagation : épandage d’insecticides, contrôle des eaux stagnantes, taille des pelouses, etc. La stratégie gagnante consistera à s’adapter rapidement aux changements en apprenant du Sud. Ce qui demandera également un peu d’humilité.

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