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Les échangeurs thermiques des hôpitaux favoriseraient la prolifération de cas de légionellose, sanctionne une nouvelle étude québécoise. « Vouloir économiser de l’énergie, c’est louable, mais pas lorsque cela augmente les problèmes de santé dans les hôpitaux. Cela soulève beaucoup de questions sur notre gestion des risques sanitaires », s’écrie Michèle Prévost, titulaire de la chaire de recherche CRSNG en eau potable à l’École Polytechnique de Montréal et coauteure de l'étude.

Il y a deux ans, deux personnes ont contracté la légionellose au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) ; l’une est décédée des suites de cette maladie. Aux travaux de décontamination dans la tuyauterie de l’hôpital pour enrayer la propagation de la bactérie responsable avait succédé un diagnostic complet et des correctifs du système d’approvisionnement en eau chaude de l’hôpital.

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Mais c’est un peu par hasard que les experts ont débusqué la source du mal, proche de l’entrée de l’échangeur de chaleur. « L’étendue de la contamination a montré que la baisse de la température à la sortie du chauffe-eau — le réseau était à 50 °C et moins dans les canalisations — a été très profitable à cette bactérie », relève la chercheuse. La température idéale de prolifération de la souche s’établit entre 30 et 45 °C.

La légionellose ou « maladie du légionnaire », découverte en 1976 avec le décès de 30 anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, provoque une pneumonie – forme virulente due à la souche bactérienne Legionella pneumophila – de la fièvre, des maux de tête, de la diarrhée et des vomissements. Cette infection aigüe touche particulièrement les personnes au système immunitaire fragile ou déficient, telles que les patients des hôpitaux.

Les programmes d’efficacité énergétique promus par le gouvernement du Québec – et conditionnels à l’obtention de subventions de réfection – pourraient donc nuire au maintien d’une qualité d’eau, constate la Pre Prévost. « L’économie que l’on recherche en installant des robinets thermostatiques et la lutte entreprise contre les brûlures de l’eau chaude réduisent les barrières physiques contre cette maladie », soutient encore la chercheuse montréalaise. Le plus simple serait, selon elle, d’augmenter de nouveau la température au sein des conduites des hôpitaux.

Le fléau des vieux hôpitaux

Bête noire des établissements de santé vieillissants, cette contamination oblige même les nouvelles constructions à être vigilantes. Les analyses moléculaires montrent que cette bactérie est présente à l’état de trace dans la grande majorité des réseaux d’eau municipaux. Les risques d’inhalation des agents pathogènes, dans les douches et par les robinets à aérateur, augmentent encore selon l’état de vétusté des établissements.

Une température trop faible, la recirculation et la stagnation de l’eau ainsi que la présence de biofilms dans les canalisations fournissent des conditions très favorables à la maladie. « La conception hydraulique du réseau (en spaghetti) s’avère très complexe et résiste à l’ajout de traitements comme, par exemple, du cuivre-argent. Le défi de répartition de l’eau dans les vieux établissements de santé pose un réel défi », admet la chercheuse.

Le Québec compte d’autres victimes de la légionellose : 14 des 181 personnes contaminées par une souche dénichée dans une tour de refroidissement du Complexe Place-Jacques-Cartier ont succombé en 2012. Un recours collectif a d’ailleurs été intenté à la suite de cette contamination.

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