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Les compagnies américaines ne sont pas au diapason du gouvernement Trump en matière de lutte aux changements climatiques. En fait, même les compagnies du secteur de l'énergie sont beaucoup plus nombreuses qu’il y a quelques années à réclamer des mesures plus fortes, et à recommander à leur président qu’il ne se désengage pas de l’Accord de Paris sur le climat.

« Le consensus de l’Amérique corporative est le plus large en une décennie », résume la chroniqueuse « Énergie et environnement » Amy Harder. Elle fait référence à 2007, année où une coalition appelée Climate Action Partnership s’était formée pour convaincre les élus de Washington à légiférer sur la réduction des gaz à effet de serre. La coalition s’était dissoute d’elle-même lorsque le projet de loi était mort au feuilleton.

Aujourd'hui, on retrouve dans cette coalition informelle des compagnies pour qui c’est une question d’image : Pepsi et Starbucks par exemple, font face à des consommateurs préoccupés d’environnement, et peuvent se permettre d’adopter des politiques de réduction des gaz à effet de serre.

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Mais on retrouve aussi des compagnies de l’énergie pour qui s’engager dans la lutte au climat est devenu une décision économique : les géants du charbon, pour qui leur produit n'est plus compétitif aux États-Unis face au gaz de schiste. Et même les compagnies gazières et pétrolières, qui ont pris leurs distances des mouvements climatosceptiques ces dernières années — comme Exxon — ou qui se désengagent des sables bitumineux, comme Shell l’annonçait le mois dernier. Dans les mots d’Amy Harder :

À des degrés divers, la majorité des grandes compagnies produisant du charbon, du gaz naturel ou du pétrole ont explicitement appuyé l’entente de 2015 sur le climat signée à Paris, ou bien ont choisi de ne pas faire de lobbying contre l’entente... ce qui a le même effet qu’un appui tacite.

C’est aussi ce que constate une journaliste de l’agence Bloomberg : « un improbable lobby » du charbon et du pétrole semble être en train de travailler à convaincre Trump de ne pas quitter l’Accord de Paris.

À l’intérieur même de la Maison-Blanche, des factions s’opposent à ce sujet, selon le New York Times. « Nous ne croyons pas que le gouvernement Trump planifie son retrait de l’Accord de Paris », déclarait lundi l’analyste d’une firme de consultants en énergie basée à Washington. « Voici pourquoi Trump ne rejettera pas l’Accord de Paris », concluait Buzzfeed mardi.

Pour certaines multinationales, c’est une décision politique — si les États-Unis se retiraient de l’Accord, cela pourrait nuire à leurs affaires ailleurs dans le monde. Et une décision administrative : toutes subissent une pression de plus en plus grande de leurs actionnaires pour mettre la lutte au climat à l’ordre du jour, ou à tout le moins éviter de nuire. Ce qui crée une situation paradoxale : les grands pollueurs appuient l’Accord de Paris depuis des mois, pendant que la semaine dernière encore, le nouveau directeur de l’Agence de protection de l’environnement voulait en sortir... La décision des États-Unis devrait être annoncée officiellement en mai, lors de la rencontre du G-7 en Italie.

Ajout 31 mai: la pression des actionnaires s'accentue. 62% de ceux d'Exxon ont voté pour une analyse des risques climatiques posés par les actions de leur compagnie.

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