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Il est possible que le sperme produit par un homme ait diminué de moitié depuis les années 1970. Mais il est également possible que ces chiffres soient moins alarmants qu’ils n’en ont l’air, et qu’ils nous alertent avant tout sur l’étendue de notre ignorance face à ce petit univers intime.

Selon les résultats publiés le 25 août dans Human Reproduction Update, entre des mesures prises en 1973 et d’autres prises en 2011 dans différents pays occidentaux, la concentration aurait diminué de 52 % (de 99 millions par millilitre à 47 millions en 2011) tandis que le nombre total de spermatozoïdes aurait décliné de près de 60 %. Au point où on a pu lire ici et là, cette semaine, des propos notamment attribués à l’épidémiologiste israélien Hagai Levine, alléguant qu’à ce rythme, l’humanité pourrait être victime d’extinction.

Mais c’est aller un peu vite en besogne, ont immédiatement répliqué épidémiologistes et autres experts en médecine de la reproduction. D’une part, aucun déclin du genre n’a été noté en Amérique du Sud, en Asie ou en Afrique. Bien que moins d’études aient été menées sur ces continents, une différence de l’ordre de 50 à 60 % aurait tout de même dû apparaître sur l’écran radar à l’heure qu’il est. D’autre part, plusieurs des 185 études sur lesquelles s’appuie la méta-analyse de cette semaine ont été réalisées auprès de petits groupes d’hommes, ou sur des patients dans des cliniques de fertilité — qui sont plus susceptibles d’avoir un faible taux de spermatozoïdes. Enfin, rappelle la BBC, les plus anciennes méthodes de calcul — celles en usage dans les années 1970 — avaient tendance à surestimer le nombre total de spermatozoïdes.

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Les auteurs se disent confiants que leur méta-analyse ait pris en compte ces paramètres, tout en admettant que d’autres études sont nécessaires, ne serait-ce que pour identifier des causes : bien qu’on évoque un hypothétique déclin du sperme humain depuis le début des années 1990, jamais un consensus n’a pu se dégager là-dessus. Depuis 25 ans, on a évoqué autant les effets de polluants sur le foetus que les effets des pesticides sur l’adulte, autant le stress que l’obésité ou la cigarette, sans jamais réussir à mettre le doigt sur une réponse.

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