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« Je suis un sceptique de niveau 3 » voilà comment se désigne Steven Novella, neurologue à l’Université Yale et grand pourfendeur, depuis deux décennies, des pseudosciences et autres théories du complot.

Il fait référence, sur son blog The Neurologicablog à l’évolution de sa pensée, une évolution dont les « niveaux » semblent suivre l’histoire de la lutte à la désinformation des dernières décennies. Le scepticisme de niveau 1, ainsi, combattait le manque de connaissances scientifiques : par exemple, à partir de la fin des années 80, les climatologues ont commencé à opposer des arguments factuels aux climatosceptiques, convaincus qu’avec suffisamment de données probantes, ceux-ci finiraient par s’incliner. Cette stratégie, comme on l’a vu avec l’élection de Trump, a atteint ses limites.

Pour cette raison, le sceptique de niveau 2 s’attaque au manque de compétences critiques. Certains ouvrages comme le Petit traité d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon, ou encore des chaines Youtube telle qu’Hygiène Mentale, proposent des outils aux lecteurs et spectateurs pour analyser un discours, évaluer les sources, être critique devant les chiffres utilisés… Certaines universités scientifiques ont même intégré des cours d’esprit critique dès les années 2000 dans leurs formations basées sur l’analyse des discours médiatiques et des publications scientifiques.

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Selon Steven Novella, on aurait maintenant atteint le niveau 3, à cause des réseaux sociaux qui enferment les gens dans une « bulle de filtres ». Plusieurs études portant sur des groupes Facebook ont souligné le fait que les gens adhèrent souvent à des groupes où les gens pensent la même chose qu’eux. Dès lors, l’usager du groupe antivaccins croisera rarement les participants d’un groupe de médecins. La tâche du sceptique de niveau 3 serait donc de déconstruire le récit propre à chacun de ces groupes, pour comprendre comment ce récit est devenu un moyen de déterminer à quels faits il faut croire ou non.

« Nous ne pouvons même pas nous mettre d'accord sur des faits fondamentaux ou sur la façon de déterminer quel est le fait », constate Steven Novella. En détaillant le processus de construction des pseudosciences et des théories du complot, on espère construire les outils de défense des sceptiques.

 

— Virginie Montmartin

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