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Au cours des prochaines semaines, plusieurs vacanciers entreprendront de longs déplacements en voiture. Les rumeurs que l’on entend sur les accidents de la route sont-elles fondées ? Le Détecteur de rumeurs a exploré six de ces rumeurs pour vous !


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1) Les poids lourds causent beaucoup d’accidents : FAUX

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Selon les statistiques de 2016 de la Société de l’assurance-automobile du Québec (SAAQ), 85 % des véhicules impliqués dans un accident sont des automobiles ou des camions légers (fourgonnettes, camionnettes, 4X4). Les poids lourds, qui incluent les camions lourds, les tracteurs routiers, les autobus, les minibus, les autobus scolaires, les véhicules-outils et les véhicules-équipements, n’y sont mêlés que dans 6 % des cas.

Plus encore, si on scrute les accidents mortels impliquant les véhicules lourds, on remarque que les chauffeurs de ces véhicules en seraient responsables dans seulement un tiers des cas. Seraient-ils meilleurs conducteurs que les automobilistes ? L’explication se trouve plutôt dans le fait que les poids lourds ne représentent que 3,7 % du parc automobile. Il est donc normal qu’ils aient moins d’accidents à leur actif.

Et en termes de victimes ? La SAAQ attribue aux poids lourds 8,4 % des victimes de la route (décès, blessés graves et légers). Par contre, si l’on s’attarde aux décès seulement, les véhicules lourds ont plus d’impact : 21 % des décès sont survenus dans un accident les impliquant en 2016 et 24,3 % en 2015.

2) Les accidents se produisent surtout la nuit : FAUX

Les accidents de la route ont majoritairement lieu le jour. Globalement, pour la période 2010-2016, près de 70 % des accidents avec décès ou blessés se sont produits entre 8 h et 18 h, contre 8 % entre minuit et 6 h du matin. La deuxième partie de la journée, incluant l’heure du dîner et le retour à la maison, est particulièrement propice aux accidents, comme en témoigne le graphique suivant.

Graphique sur les heures
(Source : statistiques 2016 de la SAAQ)

Par ailleurs, les conducteurs de nuit sont moins nombreux. À titre d’exemple, selon l’Enquête Origine-Destination 2011 sur la mobilité des personnes dans la région de Québec, sur l’ensemble des déplacements quotidiens sur ce territoire, seulement 18,5 % ont eu cours en soirée ou durant la nuit. Les autres déplacements, durant le jour, se répartissent comme suit : 25,6 % hors des heures de pointe et 31 % des déplacements durant l’heure de pointe en soirée.

De même, selon les statistiques de circulation jour/nuit pour 7 tronçons importants des villes de Québec et Montréal, comptabilisées par Transport Québec, la proportion de déplacements de nuit (entre 19 h et 6 h) varie de 15 % à 30 %, dépendant des routes analysées.

S’il y avait autant de véhicules sur les routes la nuit que le jour, y aurait-il plus d’accidents ? Fort probablement, car la conduite de nuit pose plusieurs difficultés : vision affectée par un éclairage limité ou absent, éblouissement par les phares des véhicules en sens inverse, fatigue, etc.

3) Les accidents ont plus souvent lieu à grande vitesse : FAUX

C’est dans les zones de 50 km/h que les collisions entre véhicules surviennent le plus souvent. La moitié (48,1 %) des accidents avec dommages corporels graves ou légers en 2016 ont eu lieu à des endroits où la circulation est plus dense et les arrêts plus fréquents. Plus encore, 58 % des accidents avec dommages corporels dus à une distraction surviennent lorsque la vitesse est limitée à 50 km/h. Les artères urbaines, ainsi que les intersections, sont en effet une source intarissable de distractions : regarder les conducteurs dans les autres voitures, suivre des yeux un piéton, observer les vitrines des commerces, vérifier les messages sur son cellulaire lorsque le feu de circulation est rouge, etc.

En revanche, 38 % des accidents mortels de 2016 se sont produits dans les zones de 90 km/h. Les causes : le croisement des véhicules à plus grande vitesse et le moins grand nombre de zones de dépassement sécuritaires.

4) La cigarette au volant distrait plus que le cellulaire : VRAI et FAUX

En 2015, l’Enquête sur la distraction au volant et le port de la ceinture de la SAAQ révèle que la distraction la plus fréquemment observée chez les conducteurs est la cigarette (13 %), suivie de près par l’envoi de textos et la prise en main du cellulaire. Par contre, lorsque ces deux dernières activités sont combinées, le cellulaire devient la source d’inattention la plus fréquente (17 %) (voir le graphique suivant). Pour l’instant, seuls les conducteurs avec de jeunes enfants à bord de leurs véhicules sont obligés « d’écraser ».

Graphique sur les sources de distraction

5) Les femmes causent plus d’accidents que les hommes : FAUX

Les hommes sont plus nombreux que les femmes à être impliqués dans un accident et ce, tous genres confondus. Ils sont toutefois un peu plus nombreux à posséder un permis de conduire (52 % d’hommes contre 48 % de femmes). Pour dresser un portrait plus équitable de la situation, il faut donc évaluer la proportion de conducteurs impliqués dans un accident par rapport au nombre de titulaires de permis de conduire. En comparant les taux de 2016, celui des hommes reste supérieur à celui des femmes (33 contre 21 sur 1000).

Si l’on analyse les différents types d’accidents et les facteurs en cause, les hommes ne s’en sortent guère mieux. Par exemple, 9,84 hommes par 1000 titulaires sont impliqués dans un accident avec dommages corporels contre 7,00 sur 1000 pour les femmes. Au chapitre des accidents causés par la distraction, le taux des hommes (5,14) est également supérieur à celui des femmes (3,88). En plus d’être plus distraits au volant que les femmes, les hommes conduisent plus vite : le taux d’accidents avec dommages corporels dus à la vitesse est de 1,83 pour les hommes contre 1,04 pour les femmes. De plus, en 2015, les conducteurs ont récolté deux tiers (66,6 %) des infractions de vitesse comparativement à un tiers (33,4 %) pour les conductrices.

6) Les récidivistes de l’alcool sont peu impliqués dans les accidents : VRAI

Les accidents causés par les récidivistes de l’alcool font souvent les manchettes. Mais ce traitement par les médias est trompeur : selon les données de la SAAQ pour la période 2011-2015, 85 % des accidents mettant en cause un conducteur condamné pour alcool ou drogue au volant et 82 % des sanctions pour conduite avec capacité affaiblie par l’alcool ou la drogue ne sont PAS l’œuvre d’un récidiviste. Le taux de récidive pour l’alcool au volant serait même à la baisse depuis plusieurs années : il est passé de 31,7 % en 2003 à 16,3 % en 2015. Il semble donc que les mesures gouvernementales pour serrer la vis aux récidivistes aient porté fruit.

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