| Semaine du 1er janvier 2001 |  |
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En manchette cette semaine: LE KIOSQUE A lire aussi: La science d'ici et d'ailleurs est une production Agence Science-Presse |
Retour au sommaire des capsules (ASP) - A-t-on découvert la fameuse bosse des maths? Peut-être. Mais si c'est bien elle, elle est loin d'être aussi rare qu'on veut bien le croire. Tout le monde a entendu parler de ces génies des chiffres qui peuvent, d'un claquement de doigts, vous trouver la racine carré de 3249. De toute évidence, il y a dans leurs cerveaux des connections qui ne se font pas dans les autres cerveaux. Et pourtant, de tels génies ne naissent pas avec ces connections. Ils les fabriquent eux-mêmes. Autrement dit, on ne naît pas génie des maths. On le devient. Vous pourriez en devenir un vous-même. Que penser, par exemple, de ce serveur qui, dans un restaurant, peut relier 20 commandes à 20 personnes éparpillées dans la salle? Les "connections" sont du même type que pour celui qui associe 57 et le chiffre dont il est la racine carré. Et la technique de ces gens est très banale, révèlent des chercheurs français et belges dans l'édition de janvier de la revue Nature Neuroscience: emmagasiner, encore et encore, de l'information, dans une sorte de puits sans fond qu'on appelle la mémoire à long terme. Pendant que nous, plus modestes ou plus paresseux, nous contentons de jongler avec des chiffres et des lettres dans notre fort limitée mémoire à court terme. On peut en effet tout emmagasiner dans cette mémoire à long terme -l'équivalent de la mémoire morte, si vous êtes un ordinateur. Des racines carrées, mais aussi des listes de noms et d'adresses, des pièces musicales, des poèmes, et ainsi de suite. La meilleure démonstration que tout ceci n'est qu'affaire de mémoire, Mauro Pesenti, de l'Université catholique de Louvain (Belgique) et ses collègues, l'ont trouvé chez Rüdiger Gamm, 26 ans, un soi-disant prodige des chiffres, capable de justement donner en quelques secondes les résultats d'opérations arithmétiques impossibles. Or, ce jeune allemand admettait lui-même être nul en arithmétique à l'école -et n'avoir jamais été intéressé par les maths avant l'âge de 20 ans. C'est pour se préparer à un concours télévisé qu'il s'est mis à mémoriser des chiffres et des processus de calculs pendant des heures, jour après jour -au point d'en arriver aujourd'hui à gagner sa vie avec ce "talent". Le cerveau de Rüdiger Gamm, ont constaté les chercheurs français et belges, montre qu'il utilise des régions de sa matière grise différentes des régions qu'utilisent les gens lorsqu'ils calculent. Tout simplement, il passe sans effort de sa mémoire à court terme -celle que vous et moi utilisons lorsque nous additionnons, ou lorsque nous composons un numéro de téléphone- un peu comme un ordinateur qui utilise au maximum son espace-mémoire en emmagasinant de l'information partout où il reste de la place. "Nous pensions que Gamm était un prodige, résume le neurologue Brian Butterworth, mais s'il est aussi exceptionnel dans ce qu'il fait, c'est simplement parce que le reste d'entre nous ne se donne pas la peine d'apprendre." (4 janvier 2001) Retour au sommaire des capsules
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