Semaine du 9 octobre 2000

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Des Nobel dans votre salon

(ASP) - Les prix Nobel sont souvent attribués pour des travaux qui, aussi prestigieux soient-ils, ne signifient rien au commun des mortels. Ca n'aura jamais été moins vrai que cette année: sans le trio détenteur du Prix Nobel de physique, il n'y aurait eu ni micro-ordinateurs ni transmission par satellites. Et sans le duo gagnant du Prix Nobel de chimie, les écrans d'ordinateur, les pellicules photo, les panneaux d'énergie solaire et les téléphones mobiles, entre autres choses, n'auraient pas eu l'importance qu'ils ont aujourd'hui dans notre société.

Bref, les Nobel apportent cette année de quoi se réjouir aux maniaques des nouvelles technologies: ces dernières sont au coeur même aussi bien du Prix Nobel de physique que de celui de chimie. Un fait rare.

Rare, et inattendu: car si c'est dans les habitudes du comité Nobel que d'attribuer un prix à quelqu'un qui s'est distingué comme pionnier 10 ou 20 ans plus tôt, en revanche, l'impact de ce pionnier se mesure en général à l'intérieur des laboratoires ou des salles d'opération, et non dans les magasins d'électronique et les résidences de banlieue.

C'est pourtant le cas cette année. Car même si vous n'avez jamais entendu parler du Russe Zhores Alferov et des Américains Herbert Kroemer et Jack Kilby ­les trois gagnants du Nobel de physique- c'est pourtant en bonne partie grâce à eux que vous pouvez lire ce texte. Jack Kilby, aujourd'hui âgé de 77 ans, démontra en 1958, alors qu'il était chercheur chez Texas Instruments, qu'il était possible d'asseoir une grande quantité de composants électroniques sur une simple plaquette de sillicium : c'était le premier circuit intégré, précurseur des puces électroniques qui font aujourd'hui rouler la majorité des ordinateurs personnels. Dans le même esprit, l'Américain d'origine allemande Herbert Kroemer créa, en 1957, l'hétérotransistor, un transistor formé par l'empilement de plusieurs matériaux, plutôt qu'un seul, comme c'était le cas jusque-là. D'où, comme avec les circuits intégrés, la possibilité de traiter davantage d'informations dans de moins en moins d'espace, donc de plus en plus vite : la base même de l'industrie moderne des télécommunications. Enfin, le Russe Zhores Alferov, 70 ans, directeur de l'Institut physico-technique A.F. Ioffe, à Saint-Petersbourg, est, parallèlement avec Kroemer, derrière les ancêtres de ces lasers à semi-conducteurs, ces lasers fondés sur une "hétérostructure" électronique, très compacts, qui équipent aujourd'hui les lecteurs de CD, les lecteurs de codes-barres et les réseaux de fibres optiques.

"Sans Kilby, a expliqué l'Académie suédoise des sciences, il n'aurait pas été possible de construire les ordinateurs personnels que nous avons aujourd'hui. Et sans Alferov, il n'aurait pas été possible de transférer toute l'information des satellites vers la Terre ou d'avoir autant de lignes téléphoniques entre les villes."

Les trois gagnants se partageront la somme de 915 000$, Jack Kilby en obtenant la moitié. "J'aurais pensé que les Prix Nobel n'étaient pas donné pour des réalisations comme la mienne, a-t-il déclaré au New York Times. D'un certain point de vue, ma contribution était celle d'un ingénieur, et M. Nobel n'avait rien prévu pour les prix d'ingénierie."

Les trois gagnants du Prix Nobel de chimie sont dans une situation similaire : les Américains Alan Heeger et Alan MacDiarmid, et le Japonais Hideki Shirakawa, furent eux aussi, en leur temps, à l'origine d'une révolution qui a transformé le monde. Ensemble, ils ont signé en 1977 un article où était décrite la façon dont le plastique, jusque-là considéré comme rien de plus qu'un isolant, pourrait devenir un matériau conducteur d'électricité, au même titre que le métal. De cette idée en apparence banale allait naître toute une industrie autour des écrans de télé et d'ordinateurs, d'une foule d'équipements électroniques (des téléphones mobiles jusqu'aux fenêtres qui "bloquent" les rayons du soleil), bref, toute une nouvelle génération de polymères, que les experts appellent les "polymères conducteurs".

Et si la révolution des puces électroniques est bien implantés, en revanche, selon plusieurs, on n'a peut-être encore rien vu de celle des polymères conducteurs, entre les papiers-peints animés et autres joyeux divertissements du XXIe siècle...

(10 octobre)

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