Résolution 2002: rendre le Sud en santé
(ASP) - Voici exactement ce quil
fallait pour convaincre les comptables du Nord quil
est nécessaire d'aider les pays du Sud :
"vous avez quelque chose à y gagner".
Cest le message " économique "
qui se dégageait dun rapport récent
de lOrganisation mondiale de la santé (OMS),
et sur lequel la revue Nature, dans son éditorial,
saute à pieds joints: "les pays développés
ont beaucoup à gagner en haussant significativement
leurs efforts pour éliminer les problèmes
de santé dans les pays en voie de développement".
Quadruplez laide financière
à ces pays, dans le secteur de la santé;
doublez les sommes consacrées à la recherche
scientifique sur des maladies affectant plus particulièrement
les pays pauvres; augmentez le pourcentage du PNB consacré
par ces pays à la santé de leurs populations;
et maintenez le tout à ce niveau pendant deux
décennies.
Ambitieuses, ces propositions de lOMS ?
Certes, mais nullement irréalistes, relance Nature.
Et surtout, larme dont on dispose cette fois car
ce type de proposition nest évidemment
pas une première- cest largument
monétaire: entre autres, la commission de lOMS
"accorde une grande attention au besoin de rassembler
des fonds tout en permettant aux compagnies pharmaceutiques
de protéger leurs intérêts à
travers le système des brevets un argument
qui sera doux à loreille de ces multinationales
qui, à les entendre, seraient injustement malmenées
depuis un an.
Mais ce n'est pas le seul "calcul": si
toutes les recommandations de l'OMS énumérées
ci-haut étaient suivies (incluant la création
d'un Fonds global de recherche en santé doté
d'une enveloppe de 1,5 milliard$), on pourrait sauver,
évalue l'Organisation, huit millions de vies
par an entre 2010 et 2030. Ce qui signifierait, au moins,
180 millions$ de plus en revenus injectés dans
l'économie mondiale, d'où une croissance
économique au Sud, d'où de nouvelles opportunités
de commerce pour les compagnies du Nord.
Bref, une logique toute comptable; mais
s'il faut en passer par là pour sauver des vies
A titre d'exemple de tendance lourde à
modifier: il y a un peu plus d'une décennie,
le Forum global sur la santé écrivait
que seulement 5% des 60 milliards$ dépensés
en recherche biomédicale allaient à des
maladies affectant la majorité plus pauvre de
la population mondiale. Il n'y a aucune raison de penser
que les choses aient changé aujourd'hui -quoique
le sida fausse probablement les données aujourd'hui,
lui qui affecte désormais la tranche la plus
pauvre de la population mondiale (l'Afrique), tout en
recevant encore d'importants fonds de recherche.