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Le 16 février 2002



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Science et médias: des signes de vie intelligible?

BOSTON (ASP) - La science pourrait aider les journalistes à régler certains des maux les plus graves dont souffrent leurs médias: la tendance à choisir les réponses faciles et rapides, de préférence aux explications plus justes, mais moins spectaculaires; ou le fait de préférer le trivial à la recherche de profondeur.

Le paragraphe précédent est une réflexion d'un journaliste américain aujourd’hui décédé, Walter Lippman. Mais cette réflexion a été servie comme digestif aux participants à un colloque sur l’absence de précisions dans les informations scientifiques, qui avait lieu ce vendredi, dans le cadre du congrès de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS).

Associations prématurées entre téléphones cellulaires et cancer, chiffres présentés sans mises en contexte, corrélations statistiques douteuses, défense prématurée des victimes d’implants mammaires: les médias n’ont pas eu la partie facile au cours de ces trois heures. Et bien qu’il ait fallu un mathématicien pour admettre que c’est la population en général qui réfléchit très mal -voire pas du tout- dès que surgissent des chiffres, c’est un professeur de communications à l’Université de New York qui est allé suggérer que les scientifiques devraient "prendre le contrôle de l’information"... comme les militaires l’ont si bien fait!

Une proposition qui aurait créé un scandale dans un congrès de journalistes, mais qui est passée comme dans du beurre à cet atelier de l’AAAS.

"Les militaires, après le Viet-Nam, ont compris que le meilleure façon d’obtenir de la bonne information était de la contrôler eux-mêmes", a plus exactement déclaré Terence Moran, du département de la culture et des communications.

Nous avons tous tendance à être influencés par le premier chiffre que nous entendons, explique John A. Paulos, mathématicien à l'Université Temple. Il donne en exemple le test suivant: demandez à un groupe de gens quelle est la population de la Turquie, et ils vous donneront des chiffres très disparates —puisqu’en général, ils n’en ont aucune idée. Demandez-leur si la population de la Turquie est supérieure ou inférieure à 200 millions, et puis, demandez-leur à nouveau de choisir un chiffre. Cette fois, les chiffres que donneront ces mêmes personnes, qui n'ont pourtant toujours aucune idée de la réponse, se mettront presque tous à tourner autour de 200 millions...

Ce ne sont donc pas seulement les journalistes qui sont mal à l'aise avec les chiffres: ce sont les citoyens en général. Une autre preuve en étant l'absence totale d'esprit critique lorsqu'un auteur a publié il y a deux ans un livre intitulé The Bible Code, dans lequel il prétend, au terme d'une immense analyse statistique, avoir trouvé, dans la Bible, des mots-clefs renvoyant à notre époque -Hitler, Clinton, Viet-Nam, etc. Sauf qu'avec un livre de la taille de la Bible, s'insurge Paulos, jouez avec les lettres (l'auteur supprime les voyelles, puis choisit une lettre sur trois, ou sur quatre, etc.) et vous finirez tôt ou tard par trouver quelque chose. C'est statistiquement élémentaire...

Certes, les journalistes y gagneraient s’ils étaient plus nombreux à savoir comment fonctionne la science: qu’ils comprennent que ce n'est pas une affaire de Vérité avec un grand V, et qu’en conséquence, deux scientifiques bardés de diplômes peuvent fort bien arriver à deux conclusions différentes, s'ils ont choisi des méthodologies (autre concept à apprendre) différentes. Ainsi en est-il des "experts" invités à témoigner en justice.

Mais là-dessus aussi, les journalistes ont eu droit à un petit répit: ces témoignages d’experts contradictoires en viennent à rendre un très mauvais service à l'image de la science, selon Michael Finkelstein, de l'Ecole de droit de l'Université Columbia, qui suggère carrément que scientifiques et juristes se rencontrent pour établir des lignes directrices quant aux types d'experts qui seraient autorisés à venir témoigner en cour. Ainsi, dans l'affaire des implants mammaires, un chercheur employé par le fabricant, Dow Corning, aurait dû être refusé, tout comme celui rémunéré par la partie adverse.

Une telle révolution dans les palais de justice n'amènerait certes pas du jour au lendemain les scientifiques à juger moins sévèrement les journalistes. Mais au moins, cela éviterait à ces derniers de tomber dans quelques-uns des pièges les plus grossiers que tendent les " experts "...

Mais l'écart entre scientifiques et journalistes est peut-être moins grand qu'il n'y paraît. Dans ce même congrès, le lendemain, était organisée une session de formation destinée aux chercheurs. Son objectif : leur apprendre à parler aux... journalistes. Et son titre, limpide: "Des signes de vie intelligible dans la communauté scientifique".

Pascal Lapointe

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