Terrorisme et centrales nucléaires: un risque
grossièrement exagéré
(Agence Science-Presse) - Si lon
sen souvient, au lendemain de lattaque du
11 septembre, il fut abondamment fait état du
risque que posaient, entre autres édifices, les
centrales nucléaires. Un avion les ciblant comme
dautres avaient ciblé le World Trade Center,
pourrait provoquer une fissure du réacteur nucléaire
et une catastrophe aux proportions inimaginables. Du
moins, c'est ce qu'on disait.
Eh bien, ces craintes étaient sans
fondements, concluent cette semaine une vingtaine de
membres éminents de lAcadémie nationale
des sciences des États-Unis, au terme dune
analyse
étoffée. Analyse au milieu de laquelle
ils ne se privent pas de taper sur les doigts des autorités
et des agences qui, par leur refus dintervenir
dans le débat, ont contribué à
renforcer ces craintes.
Sur les transports de déchets nucléaires,
par exemple, ils écrivent dentre de jeu:
"des études approfondies (menées
bien avant le 11 septembre), renforcées par des
tests sur le terrain, montrent quil nexiste
pratiquement rien quon puisse faire à ces
contenants qui causerait un risque pour le public".
Cest que, avant dêtre transportés
vers leur lieu denfouissement, ces matières
(uranium ou plutonium) ont été refroidies
pendant plusieurs années, de sorte que la majeure
partie de la radioactivité s'est dissipée.
Et sur les centrales nucléaires
elles-mêmes: on a dit que des avions "pourraient
passer au-travers des murs dacier et de béton
de 1 mètre et demi dépaisseur entourant
le réacteur nucléaire et inévitablement
provoquer une explosion qui résulterait en des
dizaines de milliers de morts et rendre de grandes régions
des Etats-Unis inhabitables pendant des siècles...
Toutefois, il semble ny avoir aucune façon
crédible darriver à un tel résultat."
Aucun avion, évaluent ces experts, peu importe
sa taille ou sa vitesse, ne pourrait traverser pareil
mur. Et cela, ils ne lont pas calculé après
le 11 septembre: de nombreuses études et simulations
lont démontré depuis au moins 15
ans.
Études et simulations que, regrettent-ils,
peu dintervenants se sont donnés la peine
de consulter lorsque les histoires dhorreur ont
commencé à circuler dans la presse...
Jouer la carte de la sécurité,
admettent-ils, est louable. Mais cela devient une arme
à deux tranchants, lorsquappliqué
au terrorisme. "De dire aux gens quils sont
en danger de mort, et la Terre avec eux, et cela en
parlant dévénements qui, en réalité,
ne peuvent pas causer beaucoup de dommages, cest
de jouer le jeu des terroristes, en transformant un
fait mineur (les risques associés aux centrales
nucléaires) en une cause de panique."