Le fraudeur de l'élément 118
(ASP) - Certains fabriquent de faux bijoux,
dautres de faux billets de banques. En voici un
qui aurait fabriqué... de faux éléments
chimiques.
Il y a trois ans, une annonce secouait
le petit monde de la physique: on annonçait avoir
découvert deux nouveaux éléments
chimiques, baptisés temporairement les éléments
116 et 118 (ceux qui se rappelleront le Tableau périodique
de leurs cours de chimie comprendront pourquoi). Larticle
était paru en 1999 dans une revue-phare du secteur,
Physical Review Letters.
Or, dans son édition du 15 juillet,
cette revue a officiellement admis ce qui circulait
depuis au moins un an: les données "prouvant"
lexistence des éléments 116 et 118
ont été frauduleusement retravaillées,
par au moins un des chercheurs. Celui-ci, Victor Ninov,
a été mis à la porte, en mai dernier,
du Laboratoire national Lawrence Berkeley (LNLB). Les
14 co-signataires de larticle avaient, il y a
déjà un an, retiré leur appui à
leur collègue.
Ninov a nié les accusations, et
lUniversité de Californie, qui gère
le Laboratoire en question, a affirmé quaucun
de ces 14 co-signataires navait été
impliqué dans la manipulation de données.
Ces données faisaient partie dune analyse
informatique dune expérience au cours de
laquelle des ions de krypton à haute énergie
bombardaient une cible, à lintérieur
de laccélérateur de particules du
LNLB.
Mais lhistoire ne sarrête
pas là, puisque deux autres articles, plus anciens,
publiés en 1994 et 1996 alors que Victor Ninov
travaillait en Allemagne, étaient eux aussi sur
la sellette: le European Physical Journal publie
ces jours-ci trois recherches qui critiquent les données
rapportées alors, et en conclut quen deux
occasions, les données brutes des expériences
antérieures ne correspondent pas aux données
publiées.