
Le 13 octobre 2004

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Le Nobel dans la protéine: explication
(Agence Science-Presse) - La dégradation
des protéines: un phénomène qu'on attribuerait
à la biologie, est pourtant derrière le Nobel
de chimie de cette année. Pourquoi cela?
Les mauvaises langues diront qu'il n'existe
pas de Nobel de biologie, et qu'il fallait bien donner aux
chimistes l'illusion qu'il se passe encore quelque chose
chez eux. Mais cela n'a jamais empêché, ces
dernières années, des auteurs de grandes découvertes
en génétique de décrocher des Nobel
de médecine. Or, les protéines constituent
désormais la nouvelle étape des explorateurs
de notre bagage génétique. Pourquoi les ranger
du côté de la chimie?
Seule justification: en dépit des apparences,
le processus découvert par ces trois chercheurs il
y a plus de 20 ans relève de la non-vie: un processus
qui n'implique que des protéines; un processus par
lequel certaines d'entre elles, appelées ubiquitine,
s'attachent à des protéines indésirables,
les conduisant à leur dégradation, donc à
leur destruction. Ces protéines sont indésirables
parce
qu'elles ont achevé leur travail, ou qu'elles sont
endommagées, ou trop nombreuses.
De ces destructions découleront des
effets proprement biologiques sur le reste du corps, mais
le mécanisme à l'origine de ces mouvements
de protéines, lui, est purement chimique: les protéines
ne produisent pas des copies d'elles-mêmes -ce qui
est la définition même de la vie- et une protéine,
en soi, n'est pas un organisme qui peut survivre seul dans
la nature: elle n'a sa raison d'être qu'à l'intérieur
d'un organisme, où elle accomplit une seule tâche
ou un groupe limité de tâches. Voilà
pour la différence entre ce qui relève de
la chimie et ce qui -aurait pu- relever de la biologie.
Mais la frontière est mince: car aujourd'hui,
plus de 20 ans plus tard, les chercheurs en médecine
comprennent de mieux en mieux le processus par lequel un
dysfonctionnement de l'organisme peut conduire à
un cancer ou une dégénérescence du
cerveau (Alzheimer, Parkinson, etc.); or, derrière
ce dysfonctionnement, il semble y avoir la plupart du temps,
à l'origine, le dysfonctionnement d'un groupe de
protéines: trop nombreuses, pas assez nombreuses,
trop actives ou pas assez actives, etc. D'où l'importance
des travaux de ces trois nouveaux Nobel, Aaron Ciechanover
et Avram Hershko (Institut israélien de technologie)
et Irwin Rose (Université de Californie) qui, au
début des années 80, ont ouvert la porte toute
grande -sans s'en rendre compte à l'époque-
sur les mystérieux mécanismes à l'uvre
derrière ces mystérieuses protéines.
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