Ils ne manquent pourtant pas d'intérêts
communs: à l'heure d'Internet, la question de la
distribution gratuite de la recherche devient de plus en
plus épineuse, et elle concerne aussi bien les chercheurs
de la science dite "exacte" que ceux des sciences
sociales. Par ailleurs, au lendemain de la réélection
de George W. Bush, à peu près toutes les disciplines
s'inquiètent de l'ingérence d'un gouvernement
conservateur et, disons-le, plus orienté religion
que science.
Cinq mille scientifiques étaient justement
réunis au cours des derniers jours à Washington,
dans le cadre du congrès annuel de l'Association
américaine pour l'avancement des sciences (AAAS),
un des rares congrès à rassembler des experts
de toutes les disciplines. Ceux-ci ne viennent pas à
l'AAAS pour y annoncer une grande découverte ou prendre
connaissance des dernières percées de leurs
collègues: la seule exception cette année
était un atelier sur la sonde Cassini-Huygens, qui
avait juste assez de neuf pour satisfaire les maniaques
d'astronomie, mais pas assez pour faire la Une des journaux.
Ils y viennent plutôt pour discuter
sur les grands enjeux du moment, comme l'accès gratuit
à la recherche (voir
ce premier texte de notre couverture de l'AAAS). Ou
sur des enjeux sociaux comme l'ingérence politique
(voir
ce deuxième texte).
Ou encore ils se rendent compte qu'un biologiste
forestier peut, ô surprise, en apprendre à
des biologistes marins (3e
texte). Si ce genre de multidisciplinarité ne
suffit pas, ils tentent sans grand succès pour
l'instant d'en créer une entre neurologie
et politique citoyenne (4e
texte). Ils font également se côtoyer,
le dimanche après-midi, un atelier sur la physique
du XXIe siècle, auquel l'auteur de ces lignes avoue
n'avoir pratiquement rien compris -en dépit d'une
physicienne qui ne se contentait pas de lire le texte de
sa conférence, mais faisait une présentation
assez dynamique- et un atelier sur la série télévisée
CSI (5e
texte): au passage, c'était l'occasion, dans
ce dernier cas, d'attirer quelques-uns des conjoint(e)s
et enfants qui avaient accompagné les congressistes
à Washington...
Et enfin, ces congressistes constatent, non
sans étonnement, que le public est beaucoup mieux
disposé à l'égard de la science qu'on
ne le prétend généralement (6e
texte). Ce n'est pas le grand amour, mais la peur des
OGM est loin d'être aussi omniprésente que
ce que laissent supposer les médias. Et les perceptions
du public sont assez proches, qu'on soit aux Etats-Unis,
au Canada, en Europe ou en Asie. C'est sans doute ce qu'on
appelle la mondialisation...
Pascal Lapointe